Ermenonville, premier parc français à l’anglaise

/Le parc d’Ermenonville fut le premier jardin français à l’anglaise. Expliquons-nous…
Le philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau, passionné de botanique, y passa les derniers jours de sa vie.

Niché dans le verdoyant département de l’Oise, le parc Jean-Jacques Rousseau d’Ermenonville est un bijou de verdure aux feuillages profonds.
Ce domaine calme, unique en son genre fut la création du marquis René-Louis de Girardin, aristocrate féru des Lumières qui, de marécages insalubres, fit apparaître les « jardins d’Ermenonville », entre 1766 et 1776.

Lecteur de Rousseau, Girardin s’inspira de ses écrits pour façonner le paysage.  Propice à la méditation et à la déambulation, le parc se veut une ode à la liberté de la nature mais aussi un « parc philosophique », ouvert à tous. La promenade est ponctuée de « fabriques », petites ruines ou stèles antiques invitant le promeneur à faire une pause et à laisser résonner les sentences philosophiques qu’il peut y lire.

Le muse philosophique règne… Mais, chassé, le sacré revient en une manière de paganisme car la Nature, nous le savons, a horreur du vide.
a contemplation de la Nature et la déambulation porte vers la verticalité; à Ermenonville, on passe des lieux créés par les hommes, comme les églises, à un lieu créé par Dieu. La Nature, redessinée par la main de l’homme, devient un lieu de pèlerinage. Le tout intellectuel du XVIIIème siècle français s’y retrouva, et même la très esthète reine Marie-Antoinette apprécia hautement le parc et récupéra le jardinier Hubert Robert pour Versailles.

Héritage de l’Humanité tout entière, la Nature accueille en son sein tout homme sans distinction. Dans cet esprit, une borne annonce l’intention du Marquis de Girardin qui refusa de clore les espaces de ses 900 hectares de propriété et de donner une sensation d’ouverture sur le monde à son jardin :

« En ce lieu sauvage,
Tous les hommes sont amis
Et tous les langages amis. »

Et d’ailleurs dès l’entrée, le visiteur est accueilli avec ces mots :

« Le jardin, le bon ton, l’usage, peut être anglois, françois, chinois, mais les eaux, les prés et les bois, la nature et le paysage sont de tout temps, de tout pays. C’est pourquoi dans ce lieu sauvage, tous les hommes seront admis. »

/Aujourd’hui propriété du conseil général de l’Oise, inscrit aux monuments historiques, le Parc Jean-Jacques Rousseau, héritier de cette histoire, vient de rouvrir au public après d’importants travaux.
Réduit à 60 hectares, le parc Jean-Jacques Rousseau est ouvert à la promenade avec des cheminements et des ponts entièrement restaurés. Fabrice Boucault, responsable de la gestion du parc explique que « le lieu se dévoile progressivement. Les pas guident la visite et amènent à découvrir les différents tableaux paysagers. »

De la grotte des Naïades, évocation de la caverne de Platon, où l’on passe des ténèbres de l’ignorance aux lumières de la vérité au « Chemin du Philosophe » qui  remonte doucement vers le « Temple de la Philosophie », de style romain, dédié à Montaigne, le parcours laisse place à la méditation, la rêverie, l’observation des éléments naturels, à l’instar de Rousseau qui a laissé le meilleur de ses réflexions (tant s’en faut !) dans son amour de la botanique – des « confessions » issues de son observation et les sentiments que lui inspirent une herbe folle, une fleur éclose ou les mousses rafraîchies par le cours d’un ruisseau…

Il ne reste plus qu’à suivre les pas du philosophe prônant l’observation de la flore plus que son étude scientifique, comme une école de vie touchant l’esprit et la sensibilité de celui qui sait regarder l’herbe à ses pieds et les frondaisons au-dessus de sa tête…

Pratique :

Parc Jean-Jacques Rousseau, 1 rue René-de-Girardin, Ermenonville (60). Tel : 03.44.10.45.75.
Entrée : 2 €. La « cabane du philosophe », où Rousseau s’isolait pour herboriser, se visite sur réservation auprès de la Maison du parc
Ouvert tous les jours de 10h à 19h, du 30 avril au 30 septembre.

Les activités du parc pendant l’été :

http://www.parc-rousseau.fr/parc_rousseau_activites.html

Prochains rendez-vous avec Rousseau par Nature au Musée national du château de Malmaison/Jusqu’au 14 octobre. Rens. 02.43.63.05.58

À travers un florilège de textes lus par Michael Lonsdale et Monique Scheyder, le spectacle Rousseau par nature se promène de parcs en jardins, écrins privilégiés pour cette évocation bucolique d’une grande poésie. En miroir, le piano délicat de Patrick Scheyder, à travers des pages de Mozart ou des improvisations, nous rappelle aussi que Rousseau fut un musicien passionné, prenant fait et cause pour l’opéra italien contre l’idiome français illustré par Rameau.

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