L’oubli

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Il y a Le Clézio écrivain, dont il ne faudrait rien dire parce qu’il a reçu le Nobel, mais dont on peut encore se permettre de penser que sa littérature est gentiment insipide. Et il y a Le Clézio critique littéraire, dont on découvre qu’il est tout aussi insipide, ce qui est finalement assez peu surprenant.
Rien de mieux en cette rentrée littéraire que de faire faire l’éloge par un des auteurs les plus prestigieux de la maison, d’un premier roman publié dans la même maison.
Le Clézio découvre le premier roman de Frederika Amalia Finkelstein et clame son enthousiasme.

L’écho de la clameur est renvoyé de média en média, Beigbeder y ajoute sa voix et voici comment L’oubli devient l’incontournable premier roman de la rentrée littéraire. Dès lors, que dire, après d’aussi éminents critiques que Jean-Marie Gustave Le Clézio et Frédéric Beigbeder ?

Ce petit livre est pourtant trompeur. Les premières pages en sont séduisantes, les phrases sont courtes, précises, incisives, on croit parfois rencontrer le fantôme de Fritz Zorn, on y croit, on attend, on espère, mais non, rien. En fermant le livre, on n’en retient rien, on n’en retire rien. C’est, pour le dire cavalièrement, un enfilage de perles et de poncifs insignifiants.
C’est froid et chiant comme du Daft Punk, comme One more time, le plus mauvais Daft Punk. A la fin – pourtant le livre n’est pas très long – cela devient presque désespérant de vacuité. Prions que cela ne soit qu’une fausseté, un mensonge, une illusion, que ce ne soit pas représentatif d’une génération.

Le personnage de F.A.F. clame vouloir tout oublier, mais que sait-elle ?

Est-ce le tort de notre époque, de chercher à oublier avant de savoir ? Le meilleur moyen d’oublier n’est-il pas de connaître ? Or, l’héroïne ne semble rien connaître, sinon en surface, à la manière trop répandue dans la jeunesse contemporaine. C’est le savoir Wikipedia qui défile tout au long du roman, soit un étalage de chiffres et de faits, ce qui est tout l’inverse de la connaissance qui est une plongée dans la profondeur de l’être.

D’être, il n’est jamais question dans ce roman, seulement de morts et de vivants, tous réduits à des chiffres et à des actes non pensés. Il est beaucoup question de Coca-Cola, de Daft Punk, de jeux vidéo, de la shoah par les chiffres et de course de cheval. Il est également question de la mort, mais, qu’il s’agisse de la mort des Juifs, d’un cheval ou d’un chien, aucune ne semble plus réelle que celle d’un personnage de jeu vidéo. Toute cette histoire est finalement assez triste.

Frederika Amalia Finkelstein, L’oubli, L’arpenteur, Gallimard, 173 pages

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