Gabriel Matzneff : La lettre au capitaine Brunner

""Si vous avez aimé Nous n’irons plus au Luxembourg, vous retrouverez ses personnages dans ce nouveau livre de Gabriel Matzneff. Dans La lettre au capitaine Brunner, tous les thèmes matznéviens se retrouvent, imbriqués, suite de guirlandes dont l’auteur s’est chapeauté. Le petit cercle russe en exil à Paris, la foi orthodoxe, le plaisir et l’érudition, le temps qui passe.

Heureux qui comme les personnages ont fait de beaux voyages. Rome, Naples, Venise, mélange de réflexions, d’aventures, de chagrins d’amour qui ne durent qu’un instant, d’assertions contre l’uniformité de la société, de déclarations passionnées, de ruptures, d’impertinences, d’étourdissements et de quelques vacheries. Parvenu à son plus haut degré d’incandescence, l’amour se consume, hélas. Est-ce la raison pour laquelle un des personnages clé du livre se suicide ?

Un peu de mystère ne nuit pas. L’ensemble se présente comme une célébration continuelle de l’énergie vitale et une leçon d’écriture. Matzneff en profite pour délivrer ses plus secrets conseils. Ce qui n’empêche pas les maîtresses de défiler dans une société libertine où les intrigues sont assorties des règles de galanterie ; et de plus, sous les couleurs de Rome, ce qui n’est pas rien. Un écrivain est libre s’il l’est comme l’air.
Ce n’est pas bien vu des philistins, respirer le grand air ailleurs ; de préférence un air pur là où cela est encore possible ; affirmer son indépendance, son autonomie, ce que Matzneff depuis ses débuts en littérature n’a cessé de faire. Ce livre montre le parcours d’un écrivain qui s’est mis sous l’invocation de la beauté.

Livre vivant, ironique, alerte, fertile en rebondissements. N’est-ce pas suffisant pour lui attirer des lecteurs à la recherche de l’imprévisible, de l’inattendu, loin du monde qui nous emprisonne.
« La plus grande sagesse de l’homme consiste à connaître ses folies », écrivait Madame de Sablé.
Gabriel Matzneff nous en offre un magnifique assortiment.

Alfred Eibel

La lettre au capitaine Brunner, de Gabriel Matzneff.
La Table Ronde, 204 p. 17 €.

 

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