Depuis des décennies, Marc Villard, cet excellent poète et romancier explore le quotidien de tous les dangers.
À ses yeux, la tragédie est toujours un malentendu ; elle plonge dans les ténèbres.
Ses vingt contes font écho à ce qu’écrivait E.E. Cummings :
« Quand le mot est brutal, chercher la raison / Quand le mot est cruel, trouver la pitié ».
Le sommeil, la neige, la beauté, la femme belle attisent la convoitise principalement lorsqu’un magot est en jeu. N’est pas partageux qui veut. Convaincre ou taguer, that is the question.
Dans cette Amérique où la raison du plus fort est toujours la meilleure, la fin d’une traque est au bout du canon.
S’éloigner trop vite n’est pas le bon truc. On est rattrapé par ceux qui ont la mémoire longue. Devient sadique celui qu’on a trop longtemps fait bisquer. La rancune est alors prise à bras-le-corps. La victime est massacrée, noyée, laissée pour morte. Derrière le sourire enjôleur se dissimule le prédateur. Son forfait accompli, les voisins s’étonnent : un homme si charmant, si poli, si sympathique.
Ah ! Les cons ! se dit le coupable. En bon récidiviste qui n’a pas lu La Rochefoucauld, il a par contre en mémoire cette phrase sublime : tout corps plongé dans un liquide est destiné à disparaître. Marc Villard a une manière à lui d’embobiner. Rassurant, il se donne des airs, puis retourne les cartes devant le lecteur médusé.
Il peint sans emphase, pratique un art suggestif fait de sobriété, retrouve E.E. Cummings écrivant : « Je suis de ceux qui aiment la clarté, la précision et les jours sans brume ».
Comparable à un certain cinéma américain de la grande époque, Marc Villard décrit des destins lucides capables de pitié et d’ironie ; car on explore véritablement que ce que l’on invente.
Alfred Eibel
Scènes de crime, de Marc Villard, photos de Hermance Triay., Le Bec en l’Air éditions.
157 p. 14,90 €.
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