Le prix littéraire francophone du Sofitel de Casablanca

""Comment imaginer meilleure entrée dans la 20ème Semaine de la langue française et de la Francophonie que la remise d’un prix littéraire de langue française à des ouvrages commis par des Marocaines.
Le Sofitel La Tour Blanche de Casablanca a eu la belle idée de décerner un prix littéraires à des femmes de talents et de plume, chez nos cousins du Maroc.
Cela a donné naissance, le 13 mars, à la 3ème édition du Prix Littéraire Sofitel Tour Blanche Casablanca avec trois lauréates :  Touria Tazi (Prix Coup de Coeur), Salwa Tazi (Prix Découverte) et Maria Gessous (1er Prix).

À travers ce prix, la devise de la marque hôtelière, « Lier la passion de l’excellence à l’ambition de la culture », entend rejoindre et encourager la tendance actuelle de l’épanouissement de la femme marocaine à travers l’écriture.

Au cœur de la ville blanche, hérissée de beaux et solides immeubles blanc, « casa blanca » oscillant entre les axes droit et aérés tracés par Lyautey et les deux Médines de la ville, bruissantes et populaires, l’hôtel de La Tour Blanche a réuni un aréopage de personnalités venues soutenir la création marocaine en langue française, marquant un trait d’union entre la France, l’art de vivre francophone et le Maghreb.

Sofitel organise depuis quelques années des cafés littéraires dans ses hôtels et des escales littéraires, invitant des écrivains à parler ou à créer à travers ses hôtels du monde entier. Son credo : l’alliance du savoir-faire et de l’art de recevoir à la française et du faire-savoir, celui des talents du pays d’accueil et des écrivains reçus.

Le prix littéraire Sofitel Tour Blanche permet de réunir des journalistes, des artistes et des écrivains marocains autour d’une soirée d’échanges, témoignant du dynamisme de la création au Maroc, et un jury venu de France (Tahar Benjelloun, Catherine Enjolet, Emmanuelle de Boysson, Mazarine Pingeot, Betty Mialet, Driss Jaydane, Olivier Weber); s’y sont associées des maisons du Maroc, Le Fennec, La Croisée des Chemins et Afrique Orient.

Pour autant, le jury n’a eu que peu d’ouvrages en lice cette année, comme l’a déploré Catherine Enjolet, l’organisatrice  du prix. Mais cela rappelle que l’édition marocaine de langue française est assez jeune et qu’il est indispensable de la soutenir quand les écrivains publiaient en France jusqu’à une période récente.

Les ouvrages-témoignages de deux femmes remarquables et très humaines, Touria Tazi et Salwa Tazi, sont emblématiques de la société marocaine. L’exemple de Touria Tazi est particulièrement touchant : créer des crèches et des jardins d’enfants, puis des centres d’accueil pour les femmes enceintes seules afin de leur permettre d’aller au terme de leur grossesse en paix tout en leur proposant, le cas échéant, la possibilité de faire adopter les bébés.
Nous nous accordons à mettre un bémol quant au premier prix, Nous n’irons pas au paradis, lequel s’est vu décerner le prix dans la catégorie roman, faute de compétiteurs. Ambigu à l’extrême, ce roman met en scène la soumission de deux femmes à des hommes eux-mêmes soumis à leur pratique de l’Islam. Las, le peu d’étoffe des personnages et les citations prosélytes d’un Islam dont l’auteur montre pourtant les dérives de l’intérieur, laissent une sensation de malaise, dévoilant l’ouvrage comme une sorte de livre-manifeste…

Mieux vaut lire, peut-être, le Journal d’une mère en deuil de Salwa Tazi qui tente de créer des ponts entre les diverses traditions en citant les Évangiles, certains versets du Coran, des écrivains hindous…, comme autant de viatiques face à la douleur causée par la perte d’un enfant.

Quelle que soient les qualités et les défauts de ces ouvrages, saluons le courage de ces femmes qui luttent avec élégance et détermination au sein d’une société qui ne leur déroule pas le tapis rouge. Espérons que cela convaincra leurs compatriotes d’emprunter les mêmes voies : celles de l’insoumission et de la quête de soi.

Une belle réunion d’amitié franco-marocaine autour de femmes engagées et d’hommes éclairés. En attendant l’essor d’une véritable littérature.

 

Les œuvres :

Salwa Tazi, Journal d’une mère en deuil, Editions Le Fennec
Touria Tazi, Une Femme audacieuse, Editions Le Fennec
Maria Guessous, Nous n’irons pas au Paradis, Editions Afrique Orient

Prochain rendez-vous :
les cafés littéraires Le Faubourg où les lauréates viennent présenter leurs livres.

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