Paul Alessandrini ou l’émouvante solitude

""Entretien avec Paul Alessandrini. Son exposition Solitudes devient fil conducteur de sa vie d’aventurier, de journaliste et d’écrivain.

L’exposition est titrée Solitudes. Car le décès de sa femme, Marjorie, journaliste spécialiste des voyages et d’art de vivre, a imposé à l’artiste ce sentiment. Les photographies montrent l’émouvant voyage solitaire de l’humain. « Lorsqu’un Homme est seul, il s’exprime », explique Paul Alessandrini.
Il n’a jamais été seul, c’est la mort de son épouse qui a fait survenir ce sentiment alors inconnu. En hommage à « elle », il rassemble à la galerie Jola Sidi dix années de photographies. Toutes ou presque ont été prises en compagnie de Marjorie, lors de voyages aux quatre coins du globe.

« J’ai changé de journalisme tous les deux ans »

Lorsqu’il a commencé à Rock’n Folk, Paul Alessandrini et ses compères pensaient que la révolution – mai 68 – pouvait se faire par la presse et par la musique. Après un concert qui avait dégénéré, un journal a même titré : « Voilà où mènent les écrits de Paul Alessandrini ».
Mais il continu à écrire. Parfois sous un pseudo – Paul Inconnu – chez Actuel, au côté de Bernard Kouchner et Jean François Bizot.
Paul Alessandrini voyage. Mais toujours dans la veine musicale. Il réalise Rastas et ballon rond avec Bob Marley, il attendu d’ailleurs trois semaines le musicien, occupé à soutenir l’indépendance du Zimbabwe.
Puis il écrit pour le magasine Grand reportage et pour le supplément de l’Obs, Voyage. Il aime le journalisme depuis son enfance. Donc il part sur les traces d’Albert Londres à Cayenne, vit son voyage en Birmanie comme une enquête de Pierre Loti, « Il faut savoir sympathiser, étonner, rire et parler pour être reporter », confie Paul Alessandrini.

La prière, l’attente, la réflexion

La solitude existe dans tous les pays du monde. « On prie seul, on attend seul, on réfléchit seul », explique Paul Alessandrini. De dix ans de photographie, résulte une sélection draconienne de vingt photos.
Ce choix est fait de concert avec Jean-Jacques Naudet (directeur de L’Œil de la photographie) et Jola Sidi. Regarder le monde au travers d’un kaléidoscope, c’est ce que l’exposition offre. Elle présente un voyage multiculturel et coloré de la solitude. Du Japon à Hong-Kong en passant par Jersey et la Birmanie, c’est avec beaucoup de poésie que l’auteur retranscrit ce sentiment par l’image. Mais aussi de l’Histoire, une des photos est prise quelques jours avant l’attentat de la place Jemaa el-Fna à Marrakech. Elle montre un homme qui scrute une affiche de cinéma bancale, au loin la place qui deviendra, quelques jours plus tard, le théâtre de tristes évènements.

La vie de Paul Alessandrini est un pont qui relie le monde, la photographie en est sa mémoire. Solitudes est l’hommage poignant à sa compagne qui n’avait peur de rien.

À observer seul ou accompagné, l’exposition partage la solitude et fédère les Hommes.

Louis Perin

Pratique :

Solitudes

Exposition jusqu’au 19 mars 2016

Jola Sidi Gallery
80, rue des Gravilliers 75003 Paris.

Photo Louis Perin.

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