Flore et bestiaire imaginaires

""En cette journée de la langue française, quel plus bel hommage que celui de l’un de ses fervents amoureux…
CultureMag vous invite à déguster Flore et bestiaire imaginaires,  de Daniel Habrekorn.

René Étiemble, grand dégustateur de la langue française, ennemi irréconciliable du franglais, trouve ses desserts dans des ouvrages auxquels on ne songe guère. Réaumur, qui s’est intéressé à l’étude des invertébrés, Louis de Broglie qui a toujours uni la précision et l’élégance de la forme dans ses écrits ou encore Claude Bernard  dans ses Cahiers de notes (1850-1860).

Que n’aurait-il dit devant le livre de Daniel Habrekorn, Flore et bestiaire imaginaires : un régal, une source rafraichissante, des fantassins de mots, des tournures inattendues, des échafaudages aux formes irrégulières mais plaisantes.

Ce qui nous épate, c’est la richesse du vocabulaire, imaginaire et intact, la phonétique française poussée à son plus haut degré créant chez le lecteur une violente excitation. L’humour y trouve son compte.

Si on peut avec un peu d’imagination imaginer la bête, il ne faudrait pas omettre la bête immonde, ni le cheval lorsqu’il est à bascule, ni le lapin chasseur, moins encore cette grande variété d’oiseaux qui à force d’énumération devient une insulte.
La flore s’entrelace aux motifs inattendus, la capacité des animaux à se travestir, par exemple, la vache qui soudain rit ou le homard thermidor à savourer le onzième mois de l’année républicaine.
Invitons ici le coucou à la recherche d’un domicile fixe, ou le malheureux éléphant égaré dans un magasin de porcelaine.

Et pour finir, admirons Marcel Aymé qui a eu l’audace d’imaginer une jument verte. À force d’observer, on finit par dessiner les contours de ce qui ne se laisse pas définir et on lui colle une étiquette pour créer la surprise. Le moment est venu de dire de quelqu’un qu’il a de la branche. On ne saurait dire autrement de Daniel Habrekorn qui sait nous ravir avec éclat.

Alfred Eibel

Flore et bestiaire imaginaires,  de Daniel Habrekorn.
Éditions L’Harmattan, 245 p.25 €.

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