Notre-Dame : une petite phrase…

Réflexions sur notre patrimoine en danger et sur la Cathédrale Notre-Dame-de-Paris, à  l’heure où une course contre la montre s’effectue pour la protéger des intempéries…

C’est une petite phrase, prononcée par le président de la république, sans doute spontanément, au lendemain du tragique incendie de la cathédrale qui a mis cette fois le feu aux poudres !

En s’engageant à reconstruire l’édifice ravagé par les flammes, Emmanuel Macron a eu, en effet, un mot malheureux, qui partait pourtant d’une louable intention, en affirmant vouloir rebâtir la cathédrale plus belle encore !

 

Depuis, dans cette brèche devenue béante, se sont engouffrés tous les opportunistes possibles, redoublant d’ardeur lorsque chacun put comprendre que les fonds pour la reconstruction ne manqueraient pas et qu’ils seraient même très largement supérieurs aux besoins nécessaires.

 

Comme l’a rappelé Alexandre Gady dans une mémorable tribune publiée le 23 avril dans le Figaro, les propositions les plus loufoques ont fleuri sans tarder, de-ci de-là…

 

Devenant jour après jour une nouvelle Babylone, Paris se devait d’avoir ses jardins suspendus au cœur de l’île de la Cité, au milieu desquels une nouvelle flèche s’élancerait vers le ciel et au sommet de laquelle, au nom du vivre ensemble, il serait si louable qu’il n’y ait plus ni de coq ni de croix ! D’autres distingués créateurs avant-gardistes imagineront bientôt, au centre de cet nouvel espace vert, une piscine olympique/réservoir d’eau -2024 oblige- ouverte aux naturistes chers au maire de Paris puisqu’à 80 mètres de hauteur les nageurs ne risqueront pas d’être vus des voyeurs !

 

Les Français restent tout de même en droit de se demander qui sont les véritables responsables de ce désastre.

 

Eh bien, ils se retrouvaient tous là, devant les caméras de télévision, le soir du lundi 15 avril. Ce sont ces hommes politiques qui depuis des décennies rognent sur les budgets octroyés au ministère de la Culture pour la restauration du patrimoine : un million d’euros octroyé par an pour Notre-Dame alors que 250 millions sont nécessaires à sa restauration générale ! Ce sont ces hommes politiques, champions de la laïcité, qui confondent la neutralité de l’État avec une haine rentrée du christianisme ! Ce sont ces hommes politiques présidant aux destinées du ministère de l’Éducation nationale qui bâtissent les programmes d’éducation scolaire par référence idéologique pour déconstruire méthodiquement l’enseignement de l’histoire, de la littérature, des langues mortes, des arts ! Ce sont ces hommes politiques du ministère de l’Intérieur, comme celui de la Justice qui laissent impunément les églises être incendiées, vandalisées, profanées alors que la moindre atteinte à une mosquée, une synagogue mobilise tous les Pouvoirs publics.

Pourquoi ne pas vouloir redonner à Notre-Dame son visage disparu ?

Le projet de loi express imaginé par le gouvernement pour reconstruire Notre-Dame pose, par ailleurs, toute une série de questions. Il est souhaitable que les services du ministère de la Culture, composés d’experts compétents puissent être associés à chaque étape de la restauration. Il serait également particulièrement utile de mettre un terme à la course aux projets et de rappeler le véritable sens du monument concerné.

L’église de l’évêque, plantée dans chaque diocèse au centre d’une métropole régionale, et, en particulier, Notre-Dame de Paris ont une vocation spécifique qui ne saurait se mesurer aux courtes vues de notre époque mercantile et hédoniste.
L’héritage intellectuel, les savoirs faire légués par les bâtisseurs du Moyen-Âge doivent inspirer les décisions d’aujourd’hui. Le clergé affectataire doit lui aussi avoir droit au chapitre.

Pourquoi ne pas vouloir redonner à Notre-Dame son visage disparu ? Faut-il nécessairement l’affubler d’une esthétique contemporaine cherchant à trancher sur son style initial ou préexistant ? Par chance, aucune des œuvres d’art conservées à l’intérieur n’ont disparu. Ce véritable miracle évitera d’interminables débats du même ordre que les premiers portant sur son architecture, sa flèche et sa toiture.

 

Mais ne nous y trompons pas. Un virage à 360° doit être pris par les Pouvoirs publics si l’on ne souhaite pas revoir dans les années à venir pareil naufrage. Les larmes de crocodile versées par le maire de Paris le soir du 15 avril ne doivent tromper personne. Ses pleurs sont hélas de circonstance !

 

Qu’on entre par exemple à Saint-Sulpice, la plus grande église de Paris abritant un patrimoine artistique exceptionnel. Les peintures des voûtes de toutes les chapelles latérales sont écaillées, les fresques peintes sur les murs illisibles, l’architecture intérieure noyée dans une poussière accumulée depuis des décennies. L’installation de filets de protection est peut-être le seul geste d’Anne Hidalgo en matière de conservation du patrimoine religieux. Les 87 églises de Paris sont dans un état aujourd’hui calamiteux qui n’a jamais été atteint depuis la Révolution. Mais en cette matière, à la mairie de Paris, la mauvaise foi et davantage encore le mensonge sont de mise.

 

La grande misère des églises de France n’est pas seulement une menace sur le patrimoine français, elle est l’un des baromètres des plus explicites de la santé et de la vitalité de notre pays.

 

À l’aune des oscillations des aiguilles de cet outil emblématique, le mauvais temps perdure et l’avis de tempête n’est pas loin !

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