Jackie et Lee : deux soeurs ennemies ?

Jackie et Lee (éditions Albin Michel), de Stéphanie des Horts : Trois pas en arrière ou le recul du canon !

 

Allez, voilà encore que ça recommence. J’entends déjà ma mère, ses amis, le ban et l’arrière-ban de nos relations s’extasier, se réjouir bruyamment de la parution du dernier ouvrage de Stéphanie des Horts : « Dieu, que c‘est passionnant ! » ; «  Quelle façon fantastique de raconter ! » ; «  Impossible de le lâcher avant la dernière page ! » ; « Un tel bonheur de lecture ! »,  feignant, une fois encore, de s’apercevoir que mes tristes livres dépérissent du manque de louanges, de bravos finalement destinés à de plus astucieuses charpentes, à des dosages mieux réussis d’intrigues raffinées et de romance hollywoodienne. Alors, évidemment, je m’interroge sur les raisons qu’il y a de se pâmer-là !

Et, honnête par défaut, reconnais bien volontiers l’exquis talent de Stéphanie, saupoudré élégamment dans chacun de ses livres, de La Panthère au Bal du siècle où nous avons été tous conviés par la grâce de sa plume intrépide. Jackie et Lee ne déroge pas à une règle qui légitime ses derniers grands succès en librairies.  Avec les sœurs Bouvier, marry money demeure au programme de la jeune fille modèle sauf qu’ici rivalité et jalousie sont de la partie et, rapidement, l’aînée, Jackie, écrase de son autorité Lee, sa cadette.

Elle devient ainsi première Dame des Etats-Unis, son époux s’amusant de n’être que « l’homme qui accompagne Jackie Kennedy » puis, l’Amérique tuant trop facilement les Kennedy, elle convole en noces tout sauf justes, avec Aristote Onassis, marquant encore sa suprématie, son désir de domination.

Taillée bulldozer, Jackie donne des directives claires à Lee : « tu fais tout ce que je fais, trois pas derrière ». Force est de partager l’avis de Stéphanie des Horts : « la vie, cette salope, ne distribue pas les mêmes cartes à tout le monde ».
Pourtant, et c’est une des magies du livre, c’est Lee qui emporte la mise. Plus humaine que Jackie, à la fois chaleureuse et féminine, touchante dans sa fragilité, elle subjugue le prince Radziwil, invite Noureev dans la danse jusqu’à se retrouver, l’exploit n’est pas mince, enceinte de lui, monte sur les planches sur l’idée, charmante mais farfelue, de Truman Capote, suit, aux côtés de Peter Beard, la tournée des Rolling Stones en Amérique (1972), sous le charme des riffs aériens de Keith Richards et des chorus stratosphériques de Mick Taylor, fréquente Warhol, participe au Bal Noir et Blanc qui défraya, en son temps, la chronique…
Leur mère, Janet, touche du doigt le drame de ses deux filles : « Lee ne croit pas assez en elle, Jackie croit trop en elle ». Vive la famille !

Ces destins à croquer de belles à craquer justifient de vous perdre, pendant de longs et délicieux moments, dans ce monde où seul notre imaginaire est invité.

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