Le virus n’a pas eu raison du livre

 

Impact de la crise du coronavirus sur le monde de l’édition

 

 

Par Jean Brousse ●

 

« Augmenter la taille du gâteau », ou trouver de nouveaux lecteurs, ou de nouvelles pistes pour diffuser le livre, tel était le thème des cinquièmes Rencontres professionnelles de l’édition organisées le 7 novembre dernier, lors de la Foire du Livre de Brive*.

 

Pierre Dutilleul** entamait la discussion : « Lorsque l’on parle de la santé de l’édition, on parle du lectorat … En 2018, on a vendu 2,5 % de moins d’exemplaires que l’année précédente… Le challenge est d’aller chercher des lecteurs, qu’ils soient anciens lecteurs partis vers d’autres horizons ou de nouveaux lecteurs… 2018 a été en demi-teinte. 2019 s’annonce nettement meilleure. » Arnaud de Puyfontaine, patron de Vivendi, qu’Editis venait de rejoindre, s’en expliquait : « Le livre, dans sa réalité physique, dans ce qu’il représente dans la société , au même titre que ce que l’on a vu dans la musique, est promis à un grand avenir… Il n’y a pas d’inéluctabilité à l’érosion ou au déclin… Un seul objectif : donner l’envie de la lecture, créer des univers créatifs sous toutes les formes de media possibles et imaginables ».

Antoine Lefebvre insistait sur la présence des GAFAM, Vincent Monadet militait pour un droit sur les livres d’occasions, Patrick Volpihac décrivait les efforts de la région pour la promotion des manifestations littéraires. Guillaume Wallut raconte centmillemilliards.

Le virus n’a pas eu raison du livre. De nouvelles habitudes de consommation sont apparues 

Patatras, le 15 mars, librairies fermées et « confinés» coincés avec leur télé, leur PC et autres écrans. Certains ont déniché dans leur bibliothèque de vieux classiques ou les romans promis à une lecture estivale. Quelques cinq cent livres que j’ai parsemés dans les halls d’immeuble sont partis. Mais le coup était rude pour le monde de l’édition, à la recherche depuis quelques années des voies de son destin. Les initiatives locales stoppées, les futurs salons ou foires littéraires menacées. Dès leur rideau relevé, le 11 mai, de belles files devant les libraires, et chacun ressortait avec quatre ou cinq livres, signe heureux d’une faim toujours forte pour la littérature. 233% de progression en huit jours, contre 67% de baisse pendant les huit semaines du confinement***.

 

  • Le virus n’a pas eu raison du livre. De nouvelles habitudes de consommation sont apparues : la commande en ligne s’est développée.
  • L’impression à la demande, qui économise stocks, gaspillages et pilons, tente une percée. Les libraires ont inventé des quasi-drives et des services de livraison.
  • Les « GAFAMS » se sont gavées, mais les condamnés au télétravail ont découvert qu’ils y gagnaient du temps disponible pour se déconnecter sans perdre leur âme.
  • Les parents ont lu chaque soir des histoires à leurs enfants.
  • Les journaux ou chroniques du confinement ont fleuri, invitant à la lecture.
  • On attend les ouvrages annoncés en mars, une vague de « coronabooks» s’annonce. Les auteurs ne désespèrent pas.

 

Puissent les éditeurs, atteints au printemps, ne pas privilégier une « best-sellerisation » fatale à la création, même si une baisse de la production limite les cas de « mort-nés » et soulage – peut-être – les libraires, et les critiques littéraires.

Puissent les autorités ne pas oublier de soutenir les filières de l’indispensable secteur de la culture. Ils ont bien tardé à les convoquer, pendant ces deux mois. Bizarre, pour un secteur réalisant 91,4 Mds € de chiffre d’affaires et occupant 1,3 millions de personnes****.

Puissent les lecteurs ne pas replonger aveuglément dans le monde d’avant.

 

 

 

*A retrouver sur le site de la Foire du Livre de Brive, http://foiredulivredebrive.net/

et sur YouTube

**Directeur général du SNE, syndicat national de l’édition

***Etude GFK, 19 mai 2020

**** 3è panorama des industries culturelles et créatives, nov 2019, EY et Francce Créative

 

  • Jean Brousse  
    Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde, des gens et de leurs étranges comportements, a publié de nombreux essais, des poèmes et quelques « beaux livres ». Il signe régulièrement ses chroniques « je vous embrousse » sur le blog de Cent Mille Milliards.
  • accompagne Cent Mille Milliards « jeune » maison d’édition qui propose l’impression à la demande : une approche révolutionnaire pour le secteur et qui est essentiel pour la protection de l’environnement (zéro retour, zéro stock, zéro pilon, zéro indisponibilité). Cent Mille Milliards s’appuie sur les nouvelles technologies pour apporter les contenus à leurs publics : ouvrages imprimés, livres numériques, traductions, présence sur les réseaux sociaux, crowdfunding, etc. C’est la meilleure façon de répondre aux défis qu’impose ce début de XXIe siècle.

(centmillemilliards.com/wp/blog/)

 

1 Comment

  1. Salut jean, je te ferais un commentaire sur les bibliothèques celles de la France profonde de vive voix

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