Carême : Remettre l’église au centre du village

Depuis le mercredi des Cendres, nous sommes entrés dans le Carême. Le moment de suivre la mode du jeûne en lui apportant du sens, de suivre la tendance végane comme les Orthodoxes qui se privent de tout produit d’origine animale pendant les 40 jours menant vers la fête de Pâques, ou encore opérer le jeûne de consommation dans une société consumériste.
Quant au coronavirus, cette légère grippe saisonnière mais mondiale, elle nous offre la possibilité du retrait et de la méditation au milieu d’un monde agité jusqu’à la frénésie.
 
Pour redonner du sens à ces temps troublés, CultureMag a donné la parole au président d’une association d’études de l’Histoire et de la monarchie française, sur la signification d’une de nos profonde tradition chrétienne : le Carême…
 
Dans un silence de cathédrale, le mercredi des Cendres, le début du Carême, a, comme à son habitude, été médiatiquement ignoré. Pourtant cette année, tout le monde a parlé du Carnaval de Venise écourté à cause du Coronavirus. Les italiens, respectueux des traditions et de l’origine étymologique des mots, avaient initialement arrêté la fin des festivités au mardi 25 février, jour de Mardi gras, jour aussi traditionnel de Carnaval, mot italien et latin signifiant « enlever la viande »… pour cause de Carême !
Cette traditionnelle fête populaire a bel et bien une essence chrétienne. Il est temps de remettre l’église au centre du village et de rappeler cette lapalissade.
 Le Carême constitue un temps fort pour tout chrétien, sa Pierre angulaire, l’occasion pour lui de revenir aux fondamentaux, de s’interroger sur le sens de son existence, de faire une retraite spirituelle, de relire les conseils des Sages imprégnés de chrétienté vivante.
 
La lettre de Louis XIV à son petit-fils partant régner en Espagne pourrait être considérée comme un modèle d’instruction de la foi chrétienne au quotidien. Il lui prodigue 33 recommandations, la 1ère : « Ne manquez à aucun de vos devoirs surtout envers Dieu », les suivantes sont relatives à l’économie, aux finances, à l’éducation, à la Reine, au peuple, à l’armée, au savoir-vivre, au gouvernement…et la 33ème et dernière : « Je finis par un des plus importants avis que je puisse vous donner : ne vous laissez pas gouverner, soyez le maître, n’ayez jamais de favoris ni de Premier ministre, écoutez, consultez votre Conseil, mais décidez : Dieu, qui vous a fait roi, vous donnera les lumières qui vous sont nécessaires tant que vous aurez de bonnes intentions. »
Ces dernières paroles seront toujours vraies pour tout un chacun, que vous soyez « puissant » ou « humble serviteur ».
 La monarchie absolue n’était pas discrétionnaire, la société d’Ancien Régime et particulièrement celle du XVIIème était imprégnée par la foi vivante. Le peuple christianisé n’avait de crainte que d’offenser Dieu dans ses oeuvres et au jour du Jugement dernier de ne pas obtenir son Salut éternel. Il n’est donc pas surprenant de voir aujourd’hui les procès en béatification de Madame Elisabeth, soeur de Louis XVI et de Madame Louise de France, carmélite, fille de Louis XV et de Marie Leszczyńska. Elles avaient reçu une éducation traditionnelle à la lumière du Christ-Roi. Elles connurent les fastes de la Cour, la gloire et la puissance de leur rang, mais humblement elles préfèrent l’esprit de Dieu, dans ses valeurs de charité et de bonté, à l’esprit de malice et du monde, dans ses médisances, calomnies et ses vanités, source d’orgueil. 
La Reine Marie Leszczyńska demeure relativement méconnue malgré 43 années de règnes, il est vrai qu’elle n’entre pas dans le modèle caricatural des femmes du XVIIIème qu’on glorifie pour leur « féminisme », leur frivolité ou leur esprit « progressif » des Lumières. Elle ne s’inscrivait pas dans le courant de pensée des « idées nouvelles » pour lesquelles elle manifestait une certaine réprobation : « On nous vante beaucoup dans ce siècle le progrès des « Lumières », mais l’oeil de la religion ne découvre que le progrès des ténèbres ».Par ses actions elle n’outrageait pas Dieu, au contraire, elle affirmait sa foi vivante : « La majesté de Dieu ne se manifeste que par des dons continuels versés sur ses créatures, la nôtre, pour lui ressembler, doit moins briller par le luxe de nos dépenses que par les bienfaits répandus sur les peuples. » Vertueuse, elle manifestait sa solidarité envers les laissés-pour-compte : « Nous ne serions pas grands sans les petits, nous ne devrons l’être que pour eux. »
Elle était à contre-courant des modes à son époque, elle le serait toujours de nos jours :

« Tout orgueil est mensonge, et l’on ne ment que par faiblesse », « Si les courtisans sollicitaient les grâces du Ciel comme celles de la Cour, ils seraient de grands sains », « Les courtisans nous crient : Donnez-nous sans compter, et le peuple : comptez ce que nous vous donnons », »Les princes les plus humains envers leurs peuples, ont été, comme saint Louis, les plus sévères contre les méchants. »

Des paroles qui raisonnent avec justesse intemporellement.

Nicolas Chotard*
 
*Président des Lys de France

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