L’invention du brevet (Pascal Attali), certificat du génie humain

 

Le système des brevets a, bien malgré lui, subi les feux des projecteurs lors de la pandémie COVID-19, d’aucuns ayant même évoqué la nécessité de leur levée dans l’intérêt supérieur des Nations.
Il est permis de regretter que certains, institués grands spécialistes de la question après deux heures de recherche sur internet, aient véhiculé des idées imprécises et des théories qui, si elles ne manquaient pas de charme, pêchaient par l’absence d’une réflexion plus aboutie.


Le très remarquable ouvrage de Pascal Attali, L’invention du brevet, une idée de génie ? arrive ainsi à point nommé pour redorer le blason d’un titre de propriété industrielle qui a l’immense mérite de proposer un compromis entre l’enrichissement de nos connaissances techniques et la nécessaire récompense de chaque inventeur.

Pour ce faire, Pascal Attali nous invite à un passionnant voyage dans le temps, l’Humanité ayant montré son inépuisable ingéniosité depuis la découverte du feu et celle de la roue. Les amoureux d’histoire seront comblés d’apprendre que les merveilleux Sybarites récompensaient déjà, en pleine Antiquité, les cuisiniers auteurs d’ un plat aussi original que succulent. Les inventions étant souvent le miroir de nos âmes, Pascal Attali nous emmène ensuite, verre à la main, du côté de Murano et de Venise, au XIVème siècle, puis du côté de la manufacture royale des glaces, à l’origine de la société Saint-Gobain. Florence, perle de Toscane, se distingue, pour sa part, dès 1421, en accordant le premier droit exclusif à l’architecte Filippo Brunelleschi. Les idées foisonnent aussi outre-Manche et les lettres patentes verront bientôt le jour.

Charles Dickens, lui-même, sacrifiera à la mode avec sa nouvelle A Poor Man’s Tale of A Patent, parue en 1850. Le vieux John, son héros, aurait-il dû conserver son invention pour lui ? Le voilà, pourtant, presque aussi célèbre que l’ignoble Scrooge, David Copperfield ou Oliver Twist !   

La France ne fut jamais en reste et nous pouvons nous féliciter de l’initiative heureuse qui a remis, aujourd’hui,  le nom du Chevalier de Boufflers sur le devant de la scène. Au fil des siècles, le brevet fait sa mue, les américains créent les revendications en 1836, lesquelles ne seront reprises, en France, qu’en 1968. Chaque nation participe ainsi à la genèse d’un titre aussi indispensable que nécessaire, lequel assure l’équilibre toujours instable entre pure abstraction et valeur marchande, incitation à l’innovation et  liberté d’entreprendre. La seconde partie de l’ouvrage, truffée de brillantes réflexions, s’intéresse au « Brevet au XXIème siècle », son histoire étant en cours d’écriture.

De nos jours, le génie humain explore, en effet, de nouveaux territoires, les imprimantes 3D, la Blockchain ou encore l’Intelligence Artificielle (IA), autant de nouveaux défis pour les inventeurs du monde entier et de nuits blanches pour leurs conseils. Les systèmes de protection connaissent également de significatives évolutions, les Européens instituant, dans quelques mois, un brevet unitaire, outil à la fois de développement économique et stratégique.

L’ouvrage de Pascal Attali est donc à mettre entre toutes les bonnes mains, ne serait-ce que pour cette citation de Louis Pasteur qui vaudra ici conclusion : « La chance ne favorise que les esprits préparés. »

 François Jonquères

 

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