Il vous reste encore quelques semaines pour découvrir les magnifiques photos de Willy Ronis. Elle fête son centenaire par une grande exposition à l’Hôtel de la Monnaie de Paris.
Décédé le 11 septembre 2009 à 99 ans, c’est à titre posthume que le Jeu de Paume et la Monnaie de Paris décident de le célébrer. L’exposition regroupe environ cent cinquante photographies, inédites pour beaucoup, provenant de la donation même du photographe à l’Etat français.
Cette rétrospective est composée de cinq grands axes : la rue, le travail, les voyages, le corps, et sa propre biographie avec des photos de sa femme et de son fils. À travers ses clichés, Willy Ronis, d’une famille juive immigrée d’Europe de l’Est, homme communiste ayant vécu les deux guerres, n’a pourtant jamais cherché à dénoncer ou à attaquer.
Il refuse d’être étiqueté ou influencé dans son travail, rejoignant par là d’autres photographes de la même époque comme Doisneau, Izis, ou Brassaï son prédécesseur et ami.
Ces hommes voulaient avant tout ressusciter l’espoir, souligner la bonté et la beauté de l’homme afin de rétablir la confiance et que chacun retrouve son identité au lendemain des guerres.
Ses photos reflètent une très grande sensibilité, beaucoup d’humour, un grand amour de l’humanité et un rien de mélancolie.
Toutes très pertinentes et percutantes, elles sont le signe d’un magnifique coup d’œil. Plusieurs sont accompagnées de petites anecdotes de Ronis où il explique comment il joue avec la lumière et les reflets ou comment il sait attendre le moment favorable.
Il joint le récit à l’image, ce qui rend la mise en scène plus attrayante encore car nous avons presque la sensation qu’il est présent. Mais le plus impressionnant demeure la grande part qu’il laisse au hasard.
Aucune photo n’est posée, pas même son fameux Nu provençal et très peu sont retouchées. Il appelle cela le hasard mais n’est-ce pas plutôt son génie qui lui fait voir ce que les gens ignorent ?
Ce qui est sûr, c’est qu’il donnerait envie à n’importe qui de prendre un appareil et de parcourir Paris ou le monde, à la recherche des plus belles images que l’homme peut offrir chaque jour à qui veut les voir. Car Willy Ronis ne s’est pas contenté de la France ; certains clichés ont été pris en Allemagne, à Venise ou à Moscou durant ses voyages.
Une grande exposition en noir et en blanc sur un amoureux de la vie dans un des plus beaux bâtiments de Paris, à ne pas rater.
« La photographie, c’est le regard. On l’a ou on ne l’a pas. Cela peut s’affiner, la vie aidant, mais cela se manifeste au départ, avec l’appareil le meilleur marché. En tout état de cause, cela ne figure pas dans les colonnes de matériels qui font rêver les dévoreurs de catalogues. » Alors qu’attendons-nous pour sensibiliser notre regard ?
Jeanne de Guillebon
Pratique :
Willy Ronis. Une poétique de l’engagement
du 16 avril au 22 août 2010 à la Monnaie de Paris
11 Quai de Conti 75006 Paris
Téléphone : 01 40 46 56 66
www.monnaiedeparis.fr
Horaires d’ouverture :
Mardi à dimanche : 11h-19h
Jeudi (nocturne) : 11h-21h30
Fermeture le lundi et le 1er mai
Tarifs :
Plein tarif : 7 euros
Tarif réduit : 5 euros
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