Off d’Avignon : L’Effet papillon

L’Effet papillon

Taha Mansour, le mentaliste qui murmure à l’oreille de vos certitudes

Imaginez un papillon. Ses ailes frémissent à l’autre bout du monde. Et dans leur sillage, une tornade invisible vient bouleverser l’ordre établi. Ce n’est pas une métaphore, c’est l’essence même du spectacle de Taha Mansour, L’Effet papillon, une performance sensorielle et poétique qui vous happe dès la première seconde, pour vous recracher une heure plus tard… transformé.

Sur une scène dépouillée : deux tables noires, cinq chaises, une lumière sculptée avec précision.  Taha entre en scène vêtu de noir, l’œil pétillant, le geste fluide. Il ne cherche pas à s’imposer comme un gourou du mystère, mais plutôt comme un guide bienveillant qui vous accompagne dans un labyrinthe mental aux allures d’enchantement. Ce n’est pas un spectacle de mentalisme au sens classique du terme. Ici, pas de grandes illusions tapageuses. Tout se passe à l’intérieur. Dans la tête. Dans le doute. Dans ce moment suspendu où l’on réalise que tout ce que l’on croit décider soi-même a peut-être été doucement suggéré.

 

Une poésie du contrôle subtil

Dès les premières minutes, Taha plante le décor d’un voyage introspectif. Ses outils ? La magie mentale, bien sûr, mais aussi l’hypnose, l’analyse comportementale, la morphopsychologie. Pourtant, rien de frontal ni de démonstratif : chaque démonstration de mentalisme est enrobée dans un discours poétique, presque philosophique. Il parle de chaos, de libre arbitre, d’interconnexions invisibles. Et sans qu’on s’en rende compte, il vous guide, vous influence, vous emmène là où il veut. Avec grâce.

Car c’est peut-être là que réside la vraie force de ce spectacle : dans sa capacité à sublimer le mentalisme en art scénique total. Chaque spectateur devient acteur, parfois même sujet. Il n’y a pas de “bons” sièges dans la salle : tout le monde participe. Et pourtant, personne ne se sent forcé. Même les plus sceptiques, comme ce spectateur monté sur scène convaincu d’être imperméable à toute manipulation, ressortent ébranlés, le sourire aux lèvres, les convictions fissurées.

 

Une expérience, pas un simple numéro

JPL

Là où d’autres spectacles enchaînent les performances, L’Effet papillon raconte une histoire, tisse un fil rouge : celui du mystère ordinaire. Ce battement d’aile, ce mot glissé, ce geste anodin… Et si tout cela n’était pas si anodin ? Et si nos choix étaient moins libres qu’on ne le croit ? Ces interrogations traversent le spectacle comme un courant souterrain. Elles s’insinuent doucement. On ne sort pas indemne de cette expérience ; non pas à cause d’un choc brutal, mais à cause de cette douce et étrange sensation que tout a peut-être été écrit à l’avance. Y compris votre présence dans la salle.

 

Une équipe aux talents multiples

Ce spectacle est le fruit d’un savant mélange d’intelligence et de sensibilité. Taha Mansour, ingénieur de formation (Centrale Paris), a façonné cette œuvre comme une équation à multiples inconnues. Il est épaulé par Marine Montaut à la co-mise en scène, qui insuffle à la performance sa profondeur théâtrale, et par Antoine Piolé, compositeur, dont la musique électronique subtile enveloppe le tout d’un halo sonore parfaitement calibré. Une symbiose rare entre science, art et émotion.

Parce que L’Effet papillon est un moment rare, suspendu, un espace de mystère et de poésie au cœur d’un monde rationnel. Taha Mansour ne vous donne pas de réponses. Il vous offre mieux : le doute. Et si c’était possible ?

 

Un spectacle qui vous regarde autant que vous le regardez

 

Dans l’Effet Papillon, Taha ne se contente pas de faire « des tours ». Il capte des micro-expression, décode vos postures, lit en vous avec une aisance presque troublante. Comme si, finalement, vous n’étiez qu’un livre ouvert et posé sur la scène. Ce que vous y découvrez ne dépend que de vous, c’est ce qui rend chaque représentation unique. Chaque spectateur vit son propre effet papillon, et chacun repart avec des questions plein la tête et des étoiles pleins les yeux.

Alors, faut-il croire à ce que vous venez de voir ? Peut-être pas. Mais il faut y assister. Parce que L’Effet papillon est un moment rare, suspendu, un espace de mystère et de poésie au cœur d’un monde rationnel. Taha Mansour ne vous donne pas de réponses. Il vous offre mieux : le doute. Et si c’était possible

 

Pratique :

Du 8 au 26 juillet 2024 à 16h20 (relâche les 14 et 21) au théâtre 3S – LE SEPT, salle 1.

Accessible dès 6 ans et inclusif pour les publics malentendants,

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