Escapade au Monastère de Brou

Le monastère de Brou à Bourg en Bresse, un monument incontournable, à l’histoire romantique. Une escapade patrimoniale pour vous émerveiller aux beaux jours.

Monument préféré des Français en 2014, ce lieu témoigne d’une belle histoire exceptionnelle. Marguerite d’Autriche est à l’initiative de cette construction audacieuse. Elle dirige les travaux depuis Malines, en tant que régente des Pays -Bas, et consacre une grande partie de sa fortune à cette construction. Ainsi ce monument est également le symbole des femmes d’exception dans l’art et de la politique au XVIe s et notamment de Marguerite guidée par l’amour, l’art et le pouvoir.  

Fille de Maximilien d’Autriche, la jeune femme eut un destin tragique, car plusieurs fois elle se retrouve veuve et notamment à 24 ans de Philibert le Beau, duc de Savoie (1480-1504). C’est en souvenir de cet exceptionnel amour qu’elle fit ériger ce monastère. Philibert le Beau faisait partie de la Maison de Savoie dont on retrouve la devise sur le bénitier ou des vitraux. Très grand, il était considéré comme un très bel homme mais meurt prématurément et de façon bizarre après avoir bu de l’eau très froide.
On trouve ainsi dans l’église, trois somptueux tombeaux, celui de Philibert, de sa mère, et de de Marguerite.
Pur, impressionnant, de gothique flamboyant, la construction de l’édifice a commencé en 1506. Le chantier débute par les trois cloîtres terminés en 1513. La construction de l’église démarre en 1512 et s’achève en 1532. 

 

Outre l’église, le monument est flanqué, de trois cloitres monumentaux, ainsi que d’un ancien dortoir des moines, qui abrite aujourd’hui un musée des beaux-arts. Le premier cloître, celui des hôtes fut construit en 1506, et est reconnaissable avec son puit et un magnolia en son milieu. Si le visiteur lève les yeux au-dessus de la porte du second cloître, il peut apercevoir les armoiries de Marguerite.
Malheureusement Marguerite décède en 1530, deux ans avant la fin des travaux, sans avoir revu le monument, mais sera inhumée aux côtés de son époux.

Occupé par des moines Augustins, ces derniers  sont chassés à la Révolution française. Ce n’est qu’en 1823, que le monastère redevient un lieu de culte lors de l’installation du séminaire diocésain. Ils le quittent en 1906, lors de la loi de séparation de l’église et de l’état. Le monastère perd sa vocation religieuse et devient …un lieu culturel dans lequel se développe les arts.

Un lieu riche d’une multitude de détails impressionnants,

ouvrez les yeux et observez :

Le visiteur découvre avec intérêt de nombreux détails qui font de ce lieu, un monument extraordinaire, à commencer par l’extérieur avec, les tuiles vernissées de la toiture, emblématiques du monument.
L’intérieur est grandiose avec des voûtes majestueuses. Le visiteur est touché par la sobriété de la nef, et lorsqu’il se retourne, il est époustouflé par la dentelle de pierre présente de partout dans le chœur. Les stalles du chœur sont sculptées en chêne et représentent des scènes et des personnages de l’Ancien et du nouveau testament…, On observe les symboles d’amour et d’attachement de Philippe et de Marguerite par des nœuds de Savoie, que l’on retrouve plusieurs fois dans le monument, ainsi que les initiales entrelacées du couple. Aux pieds du tombeau de Marguerite d’Autriche se trouve un chien ainsi que sur celui de Marguerite de Bourbon, symboles de fidélité.
Les trois tombeaux sont constitués d’albâtre et de marbre et ornés notamment de sybilles. Une des sculptures représentant une sybille sur le tombeau de Philibert, avait perdu sa tête, qui grâce à des dessins, fut reconstituée. Une autre sybille, Agrippa est représentée avec un fouet qui prophétise la flagellation du Christ.
Les vitraux sont admirables et en particulier les trois au fond du chœur. Avec le jeu de couleurs, ils rajoutent une dimension supplémentaire et mystique aux tombeaux.
Si l’on observe bien, on découvre les signatures discrètes des tailleurs de pierre.

Levez la tête et vous verrez le jubé, un passage de pierre qui devait permettre à Marguerite d’Autriche de quitter discrètement une petite chapelle privée dans l’église, de suivre l’office, mais sans être vue des moines et des fidèles et de rejoindre ses appartements. De là vous avez un point de vue étonnant sur les tombeaux, le chœur, les vitraux. Dans le chœur de l’église se trouve le lutrin, un immense pupitre sur lequel on déposait des livres liturgiques.

Toutes ces scènes sont sculptées dans une véritable dentelle de pierre qui apporte une richesse sculpturale étonnante, comparée à la sobriété de la nef.

Dans l’un des cloîtres, deux blocs d’acier qui sont le symbole de Marguerite et de Philibert, sont une œuvre de Richard Serra en 1985, étrange et très contemporaine, en hommage à ce couple.

Une autre particularité est celle de la dalle et du cercle de pierre devant l’église qui représente un cadran solaire.

Le musée présente une riche collection permanente d’œuvres du musée. Marguerite d’Autriche était amie de nombreux artistes, mécène et collectionneuse.  Le musée des Beaux-Arts du monastère royal de Brou conserve l’un des fonds les plus importants de Gustave Doré. Grand illustrateur du XIXe siècle, également peintre et sculpteur, le musée présente 9 œuvres, dont 7 peintures et 2 sculptures. Le musée conserve plus de 220 œuvres de cet artiste, mais trop fragiles pour être présentées de façon permanente.

Le site religieux et le musée ont été rénovés : Les tombeaux ont été restaurés, de nouveaux espaces sont ouverts à la visite, comme l’ancien réfectoire des moines. …
Actuellement, le monastère revit grâce à une riche programmation, avec des présentations d’art plastique, de sculpture, de musique etc…

 

Ysabelle Jolly

Monastere-de-brou.fr

Crédits photos : Florence Béréziat

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