Une splendeur : la restauration de Notre-Dame de Bonsecours à Nancy

Qui pourrait à présent ignorer l’existence de cette chapelle palatine, l’une des plus belles églises de France ?

Une voûte entièrement peinte en trompe l’œil qui se crève en son milieu pour laisser apparaître, dans une trouée céleste, l’assomption de la Vierge ;  de grandes verrières blanches diffusant la lumière du jour sur des marbres et des faux marbres étincelants ; des angelots joufflus qui se bousculent comme à Saint-André du Quirinal, pour prendre la première place et assister à l’office, une imposante tenture feinte séparant la nef du chœur comme dans les palais apostoliques du Vatican, deux cénotaphes blancs et noirs près desquels s’échappent des volutes d’encens figées dans le stuc, des aigles de Pologne, des Vertus et des allégories de marbre, enfin l’or des armoiries, des grilles, des lustres, des vases d’orfèvrerie représentés en frise et des couronnes… cette féerie aboutissant à la vénérable statue de la Vierge de Miséricorde, commandée en 1505 par le duc de Lorraine René II à l’imagier nancéien Mansuy Gauvain, placée dans une niche, au fond de l’abside, au dessus de l’autel majeur !

La ville de Nancy peut être fière de cette récente restauration exemplaire, achevée au mois de juin dernier sous la conduite de Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des Monuments historiques, ressuscitant le sanctuaire de Notre-Dame de Bonsecours, élevé à l’emplacement du cimetière des Bourguignons tombés aux côtés de Charles le Téméraire, en 1477.

Dans une munificence préfigurant celle de la Place Royale de Nancy (achevée quatorze ans plus tard) l’actuel monument, voulu par le roi Stanislas Leszczynski pour en faire le lieu de sa propre nécropole, est du à l’architecte Emmanuel Héré qui s’employa de 1738 à 1741 à en faire un sanctuaire digne de la piété de son maître.

Cette vierge au manteau, Auxilium christianorum, qui offre depuis cinq siècles un asile protecteur aux Lorrains lovés sous les plis amples et généreux de son vêtement, vient donc de retrouver une demeure qui rivalise désormais avec les plus beaux édifices religieux baroques qui, inlassablement, cherchent à magnifier le Verbe par l’emploi de courbes et de contre-courbes. Ici, toutefois, les fantaisies rhénanes, les déclinaisons bavaroises souvent exubérantes pour les yeux épris de classicisme, apparaissent plus maîtrisées. Les ciseaux de Nicolas Sébastien Adam ou de Claude-Louis Vassé  ont travaillé à la réalisation des deux cénotaphes du roi et de la reine de Pologne. Élevés de part et d’autre du chœur, ces précieux mausolées de marbre blanc et noir survécurent par miracle à la Révolution. Ils voisinent de nos jours encore avec deux autres morceau de sculpture réalisés pour les monuments du duc Ossolinski, grand maître de la maison du roi, et son épouse ainsi que celui édifié en 1768 pour commémorer, en ces lieux, le dépôt du cœur de la Marie Leszczynska, épouse de Louis XV et fille de Stanislas.

Discrètement, le sanctuaire a été rouvert au public…. sans tambour ni trompette mais avec tout l’éclat de ses ors et de ses marbres…. Ad majorem Stanislausei gloriam !

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