Cinéma : Anges et démons

CultureMag revient sur l’adaptation cinématographique du roman caricatural de Dan Brown, Anges et démons.

Notre « époque de désillusion », telle que la caractérisait le sociologue allemand Max Weber, connaît malgré une évacuation incessante des questions métaphysiques  au profit de préoccupations matérielles, un regain d’engouement pour la spiritualité. En effet, force est de constater qu’au sein de la production culturelle (cinéma et littérature principalement), bon nombre de créateurs bercent leurs intrigues de motifs religieux. Et Dan Brown est clairement l’un des représentants les plus fameux de cette mouvance, qui voit s’unir sans problème enquête policière et considérations spirituelles. Fort de son succès avec le Da Vinci Code, l’universitaire américain revient cette fois-ci au devant de la scène avec une nouvelle adaptation de ses écrits: Anges et démons.

Un mystère insoluble plane au dessus du Vatican. Au lendemain du décès du souverain pontifical, le Conclave s’organise (assemblée des cardinaux en vue d‘élire un successeur sur le trône papal) sur fonds d‘enlèvements de dignitaires. Dans le même temps, en Suisse, un échantillon d’ « anti-matière », substance au combien dangereuse se fait dérober. D’emblée, la dichotomie sur laquelle le film repose s’affiche : d’un côté le monde scientifique avec des savants désireux d’accéder à la vérité ; et de l’autre, des ecclésiastiques soucieux de préserver les épais secrets du fonctionnement de leur institution. Dès lors, un seul homme pourra sauver l’Eglise et l’humanité : Robert Langdon. Double fantasmé de Dan Brown, spécialiste en symboles, il est en toute logique convoqué par les autorités vaticanes afin de mener l’enquête. Plongés au cœur de la cité italienne, nous assistons à une course-poursuite effrénée de cet expert et d’une laborantine contre le déchaînement des forces du Mal.

À force de manifester son envie de véracité, le propos perd définitivement tout semblant de cohérence.

Une poignée de rebondissements parviennent à nous tenir en haleine, mais trop de problèmes demeurent. Portée par la mise en scène grandiloquente de Ron Howard (ralentis, travellings à trajectoires complexes, musique new-wave…), l’intrigue se disloque à mesure que le film progresse. Trop d’interventions de Langdon, où il balance en vrac repères historiques et ébauches de réflexions religieuses, plombe littéralement le potentiel d’authenticité du long-métrage. À force de manifester son envie de véracité, le propos perd définitivement tout semblant de cohérence. Le spectaculaire occupe le terrain, confinant parfois la fiction à des instants assez ridicules (séquence de la retombée en parachute du prêtre incarné par Ewan Mc Gregor ou encore l’exhumation du cadavre du défunt Père). L’imaginaire est grossier, riche en sensations fortes et déborde le cadre réflexif. Les explications didactiques disséminées par le professeur tournent court. Rien ne nous extrait de cette vision jonchée de clichés et de lieux communs, nous maintenant les yeux rivés sur ce défilé continu d’images clinquantes.

Ainsi, peu d’arguments permettent de défendre cette nouvelle super-production. Hollywood et les intrigues ésotériques ont bien souvent du mal à s’accorder. C’est pour cela qu’il paraît indispensable de prendre le film tel qu’il est : un gros spectacle d’action. Rien de plus, rien de moins.

Guillaume Blacherois

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