Compositeur, peintre, crooner, interprète mais aussi auteur, poète, acteur, réalisateur… L’œuvre de Serge Gainsbourg est immuable dans la culture française. Quel souvenir garder de cet homme davantage connu pour ses excentricités que pour son œuvre puissante ? A travers une exposition et de nombreux événements, la Cité de la musique rend hommage à Lucien Ginsburg, devenu Serge Gainsbourg. Morceau de vie d’un dandy décadent.
De la musique à la poésie, en passant par la littérature, Serge Gainsbourg a toujours sublimé la langue française. « La chanson française ne doit pas être à la remorque de l’Amérique, il faut prendre des thèmes modernes, chanter le béton, les tracteurs, le téléphone, l’ascenseur, pas seulement raconter, surtout quand on a dix huit ans, qu’on s’aime qu’on s’est quitté. Dans la vie moderne il y a tout un langage à inventer, » (Serge Gainsbourg en 1963 dans l’émission Discorama). Toujours d’actualité, cette pensée témoigne d’un réel engagement envers l’écriture. Jeune, il peint et suit la brillante école de Fernand Léger mais en vain. La littérature l’attire, bien plus que ses leçons de piano classique. Alors il se lance dans des petits cafés où il joue de la guitare. Ses débuts dans la musique se font aux côtés de Michèle Arnaud qu’il accompagne à la guitare lors de ses prestations au Milord L’Arsouille puis devient pianiste d’ambiance pour le cabaret. Bientôt il signe ses premiers succès pour Juliette Gréco dont « La Javanaise » qui rend hommage à son maître, Boris Vian.
Au début des années 60, son talent pour l’écriture lui donne des airs de vieux chansonnier français alors que le mouvement Yé-yé arrive et frappe de plein fouet l’adolescence. Il redore son blason envers la jeune génération en composant « Les Sucettes » pour une demoiselle de 16 ans, une certaine France Gall. Les collaborations se succèdent, ses textes rencontrent un succès épars. L’auteur en vogue devient un « poète assassiné ». Malgré sa timidité, il se force à jouer, influencé par sa découverte du jazz et son maître, Django Reinhardt.
« Je connais mes limites. C’est pourquoi je vais au-delà… »
Fin 1967, le chantre se transforme en dieu Eros. Au son d’un « Je t’aime… moi non plus », il s’éprend d’un amour passionnel pour Brigitte Bardot. Dès 1969, c’est en compagnie de sa nouvelle muse, Jane Birkin, que le beau Serge joue le rôle de l’amant parfait à coup de « 69 année érotique ».
L’œuvre de Gainsbourg s’associe bientôt à Gainsbarre, personnalité excessive portée sur la boisson et l’herbe, jouant ainsi entre provocation télévisée et mœurs repoussées. Ses frasques lui serviront d’inspiration, comme un poète meurtri par des amours désuets. Que doit on retenir de Gainsbarre ? A la fois beau et laid, charmeur et vulgaire, mais surtout un trublion qui puise dans un répertoire musical large, de Beethoveen à Bach aux Kinks en passant par Isaac Haynes. Ses musiques sont des bouillons de cultures et de références, il mélange tout mais jamais n’importe quoi. Les résultats s’écoutent sur plusieurs albums de « Initials BB » à « Histoire de Melody Nelson » mais aussi « Love on the Beat » en passant par la marseillaise avec un chœur de Bob Marley et la reprise reggae d’« aux armes et cætera ».
La Cité de la musique rend hommage à Lucien Ginsburg né il y a 80 ans. Aujourd’hui encore l’impact de son œuvre fredonne dans nos têtes. « Je suis venu te dire que je m’en vais »
Informations
Exposition Gainsbourg 2008 à la Cité de la musique
Paris 75019
Métro : Porte-de-Pantin
A découvrir du 21 octobre au 1er mars 2009 – Tarif 8 €
Concerts exceptionnels : « Histoire de Melody Nelson » et « L’Enfant assassin des mouches », dirigé par Jean-Claude Vannier (chef d’orchestre et arrangeur de Gainsbourg), les 22 et 23 octobre à 20 heures. Entrée 39 €.
Toutes les informations sur : www.cite-musique.fr
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