Récital du ténor Rolando Villazon

Le Leopard masqueC’est sous une pluie d’applaudissements que le ténor Rolando Villazon arrive sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées en compagnie de la pianiste Hélène Grimaud. Après des mois de rééducation, de rumeurs diverses, c’est un Rolando Villazon en pleine forme qui donne un récital quelque peu éloigné de son répertoire habituel (mélodies françaises et le cycle de Schumann Dichterliebe).

Sa prestation est loin du Liederabend traditionnel, assez sage et conventionnel : le ténor mexicain est un chanteur d’opéra avant tout et il chante avec beaucoup de chaleur et (trop) d’enthousiasme certains morceaux : on ne pourra pas lui reprocher de donner vie aux textes, de planter un décor scénique à chaque nouvelle situation décrite dans les mélodies.

Son interprétation de Duparc est théâtrale notamment dans Le Manoir de Rosamonde où il exagère certaines lettres comme les « r » de « amour » ou « mordu ». La vie antérieure est chantée avec une belle intensité croissante qui explose dans les dernières mesures pour laisser place à des piani voluptueux dont le chanteur a le secret. Rolando Villazon est vocalement excellent dans Après un rêve de Fauré avec des piani bien contrôlés sur le triolet de « mirage » et le subtil decrescendo sur « reviens, reviens, radieuse ».

La première partie s’achève sur les Siete canciones populares espanolas de De Falla dans lesquelles Rolando Villazon se montre particulièrement inspiré : il utilise toute la chaleur de sa voix – et de sa prononciation – dans “El pano moruno” tandis qu’il chante d’une voix presque désincarnée et sur un tempo très lent “Asturiana”.
Le cycle de Schumann est assez étonnant. C’est sans retenue qu’il laisse exploser sa voix dans « Ich will meine Steele tauchen » ou dans la fin de « Ich grolle nicht », moment du concert particulièrement intense.
Il exprime avec justesse la douleur dans « Im Rhein » en détachant bien toutes les notes. Mais c’est peut-être dans « Ich hab’im Traum » qu’il se montre le plus émouvant : sa voix résonne dans le théâtre, il distille chaque note avec une certaine froideur. Son allemand est parfaitement intelligible, contrairement à son français qui parfois fait un peu défaut dans Duparc.
Hélène Grimaud accompagne le chanteur mais en restant très discrète.

Rolando Villazon est de retour et il n’a rien perdu de sa superbe : passion, bonheur de chanter, capacité à raconter une histoire…
Espérons maintenant que le public parisien toujours aussi fidèle pourra très prochainement le retrouver dans un cadre lyrique.

Manon Ardouin

Ànoter :

Rolando Villazon sera de nouveau à Paris le 6 mai dans encore un tout autre répertoire puisqu’il chantera des airs de Haendel à Pleyel.

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