Le Swing: Histoire et actualité

Bon nombre de termes passés dans le langage courant, perdent au fil de leur usage répété, leur véritable signification.  Un mot d’apparence simple, et a priori connu de tous, peut en fin de compte révéler son lot de surprises.
Dès lors qu’est-ce que le swing ?
Un genre musical à part entière ? Une danse ? Un mouvement artistique ?
Et pourquoi pas un peu de tout cela ?

La réponse n’est pas si évidente. Au départ, le swing n’est sans doute qu’une certaine manière de jouer le jazz. Une façon de le rendre plus dansant, en substituant le rythme binaire par une formule ternaire.
Mais ce bref  aperçu technique ne saurait rendre compte de la réalité du swing. Car au-delà de la technique, c’est bien d’un courant musical dont il s’agit. Avec ses acteurs, ses figures de références, son évolution et ses répercussions sur l’histoire de la musique.

Du swing d’hier et de Django Reinhardt

L’avènement du swing correspond certainement avec le développement des orchestres jazz, les fameux big-bands. Ces formations, regroupant parfois plusieurs dizaines de musiciens, laisse pourtant de la place au soliste. Ainsi, le grand Louis Amstrong fut l’un des grands protagonistes de cette révolution en marche.
Toutefois, si le swing doit beaucoup au jeu d’Amstrong, d’autres personnages ne doivent être oubliées. Le guitariste Django Reinhardt est l’un de ceux-là.

Cette année, Django aurait eu cent ans. Né en 1910 à Liberchies en Belgique, le rom passa son enfance en roulotte à voyager à travers l’Europe. Dès 10 ans, son oncle lui fait découvrir le banjo, première étape essentielle dans son parcours de musicien. Il se mettra aussi au violon, avant de se tourner finalement vers la guitare.
En 1928, bien qu’illettré, il enregistre grâce à l’accordéoniste Jean Vaissade son premier disque. Et la même année, sa roulotte prend feu, accident qui viendra contredire quelques uns de ses projets, et d’où il ressortira amputé de deux doigts de la main gauche.
Pourtant, Django s’obstine, et développa à force de volonté une technique de jeu bien à lui. Du coup, dès l’année suivante, il joue dans l’orchestre du club La Croix du Sud, aux côtés de Stéphane Grapelli. Et c’est en compagnie de ce dernier, immense violoniste, qu’il fondera trois ans plus tard le Quintette du Hot Club de France. Il y jouera jusqu’au début de la guerre en 1939, avant de tourner en solo à Paris et ses environs.

Ce talent indiscutable rencontra un vif succès outre Atlantique lors d’une tournée avec le groupe de Duke Ellington. Mais au-delà de l’adhésion du public, Django demeura déçu de cette expérience américaine, n’ayant pas pu rencontrer ses maîtres comme Charlie Parker ou Thelonious Monk, tous en tournée à ce moment.
La fin de sa carrière, jusqu’à son décès en 1953,fut marquée par un ultime enregistrement en avril 1953 avec le pianiste Martial Solal, Pierre Michelot à la contrebasse, Pierre Lemarchand à la batterie, et Fats Lallemant au vibraphone.

Bien sûr l’héritage laissé par le guitariste est immense. Étendard des gens du voyage, figure incontournable de la musique contemporaine, il ne cesse à travers des pièces comme Nuages, Minor Swing ou encore Les Yeux Noirs d’inspirer pléthore de créateurs, de Mark Knopfler à Bireli Lagrène en passant par M.

Ainsi, 2010 fut l’occasion de manifester son rayonnement jamais consumé. En juin, une statue fut érigée en son honneur dans le 18ème arrondissement parisien. Ou bien plusieurs festivals décidèrent de focaliser leur programmation autour du guitariste inventeur du jazz manouche.

Et le swing aujourd’hui ?

L’effervescence autour de Django Reinhardt correspond bien à l’atmosphère générale entretenue en France avec le swing. En effet, depuis quelques années, notamment à l’aide de moyens électroniques, le rétro semble être à la mode.

Le couple de DJs  Bart and Baker cristallise tout à fait cet intérêt pour les ambiances swing des années 20 et 30, sans pour autant perdre de vue les préoccupations et autres attentes de notre temps.
Leur album, Swing Party, mélange en harmonie les couleurs de Reinhardt (Minor Swing sur le morceau The Stojka Empire), les teintes de la voix d’Henri Salvador (Oh! Quand les saints) avec des sonorités plus modernes. Ici, les effets procurés par les platines, servent un unique dessein: remonter le cours de l’Histoire afin de plonger l’auditeur au cœur d’une ambiance hors du temps.
Cet univers se déploie avec force lors des soirées organisées par Bart And Baker. Danseurs, comédiens: tout une mise en scène s’organise autour de leur volonté de mener le public ailleurs, vers d’autres horizons. L’assistance, à chaque fois transportée, n’hésite pas à danser sur les rythmes swing effrénés, tout en oubliant un peu à chaque fois, à quelle époque elle se trouve.

Ce duo, autoproclamé « plus anciens DJ en activité » (un siècle à deux), renvoie directement à ce regain d’intérêt pour des moments musicaux du passé. Au swing, sa légèreté, et sa faculté inhérente à faire bouger les foules. La rencontre entre les compostions anciennes et les possibilités technologiques contemporaines, donne naissance à un genre hybride. Mais qui nous en sommes certains, saura rassembler amateurs de jazz traditionnel et jeunes curieux.

Guillaume Blacherois

Infos :

Django Reinhardt:
À écouter : Intégrale Django Reinhardt I à XX, 2 Cd, Paris, Frémeaux et Associés.

Bart And Baker
Swing Party, Wagram Music, paru le 26 avril 2010. Àpartir de 14, 99 euros

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