Une voix : Cyril Auvity

/Le compositeur Giovanni Bononcini (1670-1747) a longtemps été considéré comme le rival malheureux de Haendel.
Parmi les 283 cantates écrites par le compositeur italien, Cyril Auvity et l’ensemble L’Yriade en retiennent quatre qui ont toutes en commun de peindre les sentiments désespérés d’un amant séparé de sa bien-aimée.

La voix de Cyril Auvity a beaucoup évolué ces dernières années : elle s’est élargie, a pris de la puissance et le chanteur a pu quitter les emplois de haute-contre pour aborder avec succès un répertoire plus soutenu jusqu’à Mozart. Sa parfaite maîtrise du souffle lui permet d’apporter un sens dramatique aux vocalises (dans la fin de Barbara ninfa ingrata) et de ne pas se limiter à des effets pyrotechniques.
Il est aussi un spécialiste du mezza-voce dans la reprise des airs : dans l’air de la cantate « Quando parli », les nombreux « bella bocca » sont exécutés de plus en plus légèrement au fur et à mesure du morceau. Il joue souvent avec la résonnance de sa voix dans l’église pour laisser le son se diffuser, augmentant ainsi l’émotion du passage.

Cyril Auvity sait également être un bon conteur. En quelques mesures, il plante un décor, crée le drame et fait partager au public les tourments du personnage qu’il incarne au travers de la cantate. Il peut s’appuyer sur une bonne prononciation pour rendre les récitatifs encore plus vivants. Il met en valeur les mots-clés du passage en exagérant à des fins expressives les « sc » de « lasciarmi » et les « r » de « moro » dans la cantate sur la nymphe.
En bis, il interprète deux des plus belles pages de la musique baroque, « Si dolce tormento » de Monteverdi et « Vos mespris » de Lambert. La voix de Cyril Auvity est adéquate pour ce répertoire car il peut jouer sur les nuances, les couleurs, amorcer des retenues dans la phrase descendante du début du madrigal de Monterverdi.

Le chanteur est soutenu par le très bon ensemble L’Yriade conduit par la dynamique Léonor de Recondo au violon. La claveciniste Isabelle Sauveur et le joueur de théorbe Marc Wolff imposent une belle énergie notamment dans le passage très agité de la cantate « Ecco Dorinda il giorno ».

Ce superbe concert est l’occasion de (re)découvrir des pièces de toute beauté, servies par des musiciens inspirés. Espérons que ces premières incursions dans l’œuvre de Bononcini seront suivies de beaucoup d’autres toutes aussi passionnantes.

Manon Ardouin

Pratique :

www.concertsparisiens.fr

On pu l’entendre le 1er octobre 2010, à l’église des Billettes, Paris dans le cadre des Concerts Parisiens

Actualité :

Cyril Auvity sera à l’affiche de la reprise du spectacle mythique Atys de Lully à l’Opéra-Comique en mai 2011.
L’enregistrement des cantates de Bononcini avec les mêmes interprètes est disponible chez Ramée.

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