Librement inspiré de Jacques Prévert, « La vie n’a pas d’âge, ce spectacle étonne et détone. Drôle de mise en scène, drôle d’enchaînement, drôles de drilles.
Sur les planches de la Comédie Nation Vanina Michel et ses trois musiciens se livrent à une interprétation entre textes, chansons et musique des oeuvres de Prévert et d’André Halimi.
Il pourrait y avoir de la joie dans ce spectacle sur la femme, la société de consommation, la modernité. Il y en a, surtout quand Vanina Michel chante Prévert. Et que de justesse dans la critique de notre monde moderne.
Mais que d’aigreur dans le monologue de la femme vieillissante, bonne à jeter à la poubelle par un homme lui-même en passe de tomber en ruine. Drame du jeunisme, de la vision erronée de l’amour, de l’égoïsme masculin : les mots qui l’expriment suintent l’amertume et ne grandissent pas la femme.
Justement, à l’âge mur, le propre du féminin est de poser un regard distancié sur le masculin, l’éphémère de nos existences…
Mais ces mots ont été écrits par un homme ! D’où un son un peu faux. André Halimi dans « Femmes en péril… momentanément » passe à côté du drame de la femme vieillissante, délaissée par des hommes infantiles. De la tristesse, de la nostalgie, peut-être, du soulagement parfois, mais pas cette acidité.
Il manque aussi à ce texte, le phénomène actuel de l’hédonisme féminin, arcbouté sur l’apparence. Alors que l’âge véritable est celui du coeur.
Et puis Prévert, c’est autre chose tout de même.
Ecoutez, « La vie n’a pas d’âge » :
La vraie jeunesse ne s’use pas
on a beau l’appeler souvenir
on a beau dire qu’elle disparaît
on a beau dire et vilain dire que tout s’en va
Tout ce qui est vrai reste là
quand la vérité est laide c’est une bien fâcheuse histoire
quand la vérité est belle rien ne ternit son miroir
Les gens très âgés remontent en enfance
et leur coeur bat
là où il n’y a plus d’autrefois.
Jacques Prévert ( 1900-1977 )
Textes autobiographiques
(Antibes, été 1963).
Heureusement, cette tendresse du poète remonte parfois et explose sur le devant de la scène de la Comédie Nation.
Au sein du bon trio de musiciens, le violoncelle est tout simplement épatant; la vie qui se dégage sur la scène, étonnante, sûrement créée par l’inspiration des artistes qui changent le spectacle au gré de leur humeur.
Une curiosité à voir, une performance d’artistes chaque soir, pour le prix d’une place de cinéma.
Comédie nation Paris
77, rue de Montreuil
75011 Paris
Jusqu’au 06 mars 2011.
Vendredi, samedi: 21h00, dimanche : 17h00.
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