Par Salsa Bertin et Gilles Brochard.
Afin de fêter Pâques, la plus grande fête du christianisme, on met l’oeuf à l’honneur. D’où vient cette tradition ?
Pâques est une fête avant tout chrétienne qui est l’aboutissement du carême et du jeûne d’une durée de 40 jours. Le jour de Pâques, dernier jour de la semaine sainte, est le dimanche où l’on célèbre la résurrection du Christ. Depuis le VIIIe siècle, on dit que les cloches des églises de France et du monde s’arrêtent de retentir pendant la semaine sainte et partent pour Rome, avant de revenir le jour de Pâques. Et avec elles des milliers d’œufs qu’elles déversent dans les jardins et les champs…
Dès le IVème siècle, les chrétiens échangent des œufs pour marquer la fin du Carême et fêter la Résurrection du Christ. Pendant les quarante jours qui précèdent la fête de Pâques, les chrétiens jeûnent, et dans les traditions orientales – plus exigeantes que les rites latins -, il est interdit de manger tout produit d’origine animale pendant ce temps de Carême.
La tradition de l’oeuf offert et décoré est très ancienne. Elle remonterait à l’Antiquité, où de nombreuses cultures auraient mis l’oeuf à l’honneur au printemps en tant que symbole de renouveau et de fécondité.
D’autres sources affirment que la tradition de l’œuf de Pâques viendrait en premier lieu de la tradition juive de la Pâque (Pessa’h) où, lors de Séder, un œuf dur était présenté pour rappeler la destruction du temple de Jérusalem. La recherche des œufs de Pâques par les enfants vient de la même tradition, lorsque les enfants devaient chercher le Matsa à la fin du repas, un pain non levé qui faisait office aussi de dessert lors de Séder – premiers repas ouvrant la pâque juive qui dure sept jours et correspondait à la nouvelle année.
Car l’église interdisait pendant le carême la consommation d’œufs puisque l’on faisait maigre. Donc une fois sortis du Carême, les oeufs accumulés pendant 40 jours étaient décorés pour les plus anciens et mangés pour les plus récents. C’est ainsi que la coutume voulut que l’on cache les œufs décorés ; cela devint au fil des siècles des œufs ou des cloches en chocolat. Coutume qui perdure aujourd’hui. En Angleterre et aux Etats-Unis, on utilise plus généralement des lapins. En Bavière, on choisit le coq, en Autriche il s’agit du lièvre et dans le Tyrol, de la poule.
Dans l’Europe chrétienne, il était de coutume d’offrir pendant la semaine sainte, le plus gros oeuf pondu au roi.
L’œuf, c’est bien connu est la représentation de la perfection. Semence de vie, il symbolise avant tout la naissance du monde, le passage de l’hiver au printemps, la résurrection, un monde nouveau. On raconte même que les Incas croient dur comme fer à la légende qui voudrait que trois œufs soient tombés du ciel après le déluge : le premier fut un œuf d’or d’où émergèrent les élus. Le deuxième, un œuf d’argent, d’où sortirent ceux qui voudront être mais ne seront jamais, et le troisième, un œuf de cuivre d’où sortit le peuple.
Et pour les bouddhistes chinois, l’œuf de poule est en quelque sorte l’image du chaos : de sa coquille s’extraient les éléments lourds qui forment la terre (yin), et les éléments légers qui forment le ciel (yang).
À partir du XIIème siècle, on ne se contente plus de décorer des oeufs de poules et on les remplace dans les cours des souverains par des répliques ornées d’or, de peintures ou de pierres précieuses.
On pense aux oeuf du joailler russe du XIXème siècle Fabergé qui sont de véritables œuvres d’art.
Au XIXème siècle, les progrès d’affinage du chocolat permirent de réaliser des œufs de Pâques tels qu’on les connaît aujourd’hui. On peut penser que les premiers moulages, les premières figurines apparurent vers 1830, époque où les chocolatiers maîtrisaient le tempérage. On créé alors deux coques de chocolat noir ou lait que l’on réunit après les avoir rempli de friture : poissons, cloches, poules et poussins. On entoure alors les deux coques d’un splendide ruban.
Les créateurs chocolatiers rivalisent d’imagination et de créativité autour du thème de l’œuf de Pâques, comme l’œuf du cheg Pier-Marie Le Moigno(voir notre photo).
La Chocolaterie Puyricard, édite pour Pâques un œuf en série limitée noir ou lait, fourré de bonbons de chocolats, à partir de 32, 50 € les 150 g – ainsi qu’une collection d’animaux comme les chats Minette, Figaro et Mimine, le panda, le petit chien Black & White, la tortue, le cochon et même un joli champignon, de toutes les tailles, de 7 à 55 €. www.puyricard.fr
Et l’éternelle question autour de la poule et de l’œuf (qui a préexisté ?) est effleurée autour de la fameuse « poule aux œufs d’or » par la maison Hédiard…
Les boulangers et pâtissiers jouent aussi avec l’œuf et les traditions comme la brioche Mouna de l’Étoile du Berger, ré-interprétation d’une célèbre tradition oranaise garnie d’un véritable œuf (www.letoileduberger.fr).
Chasse aux œufs :
Chez les catholiques, les cloches cessent de sonner à partir de la messe du Jeudi qui précède Pâques, dit « Jeudi Saint », en signe de deuil pour la mort du Christ. On les ré-entend à la fin de la veillée de Pâques, qui précède le jour de Pâques proprement dit. La tradition prétend que les cloches ne sonnent plus car elles sont parties à Rome. Elles reviennent dans la nuit, chargées d’œufs en chocolat qu’elles déversent dans les jardins. Le lendemain, les enfants partent à la chasse aux œufs dissimulés dans le jardin.
Photo 1 : L’œuf du Chef Pier-Marie Le Moigno du Park Hyatt Paris-Vendôme.
Photo 2 : Brioche Mouna de Pâques de l’Étoile du Berger, Fontenay-aux-Roses, Meudon.
Photo 3 : La Poule aux œufs d’or de la Maison Hédiard.
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