Le château de Versailles accueille l’une des plus belles expositions de l’année : Trônes en Majesté. L’autorité et son symbole. Des dizaines de trônes venus du monde entier. Exceptionnel.
Pour faire trôner les attributs de l’autorité par excellence, pouvait-on imaginer écrin plus idoine que les appartements du Roi et la Galerie des Glaces à Versailles ?
La réunion de quelques quarante trônes a été rendue possible par la quête inlassable de notre collaborateur et commissaire de l’exposition, Jacques Charles-Gaffiot. Une grande première donc qui le mena sur tous les hémisphères à la recherche de ces sièges royaux, impériaux, républicains ou pontificaux.
L’exposition a bénéficié de prêts exceptionnels de la part de la Cité Interdite, du Vatican, d’Afrique, etc.
Des sièges aussi divers qu’un siège Duho du XVème siècle venant de Saint Domingue, le trône de Nicolas II de l’hôtel d’Estrées, le trône portatif des Habsbourg, un siège cérémoniel inca, ou le faldistoire aux armes du pape PaulV Borghèse…
Plus qu’une collection de sièges représentant le pouvoir, l’exposition est résolument pédagogique; elle invite à réfléchir à la conception de l’autorité à travers l’Histoire. L’idée mise en avant par Jacques Charles-Gaffiot est aussi inédite que criante de vérité : l’autorité se donne à voir assise ! Il souligne que « les Grecs distinguaient cette notion de celle de puissance. Alors que celle-ci s’acquiert, que ses symboles sont des trophées, l’autorité, elle, est conférée. »
Les visiteurs lèvent la tête et les plafonds du salon d’Hercule au château de Versailles leur rappellent que les Grecs représentaient déjà les dieux assis.
Tous les trônes ne sont pas toujours imposants et majestueux. On découvre avec intérêt les variantes de l’auguste siège : trônes mobiles, palanquins, chaises à porteur… Car comme le dit le commissaire de l’exposition, « … un trône peut être n’importe quel support car ce n’est pas son décor qui le fait mais sa mise en situation. ». Et de poursuivre que « fondamentalement, le trône invite à l’humilité. Car l’autorité, ne l’oublions pas, permet de soumettre la force abusive par le respect du droit. »
Chaque siège raconte une histoire qui lui est propre, comme le fameux siège curule de Dagobert, sorti des réserves de la Bibliothèque Nationale pour l’occasion. Sa sobriété ne trompe personne et renvoie à une autorité s’appuyant sur le respect du droit et non sur la force.
D’autres trônes, moins sobres, emprisonnent des figures anarchiques et sauvages de lions, de serpents, de crocodiles, griffons ou autres chimères. Ces ornements sont figés et soumis par celui dont l’autorité s’exerce sur le trône et qui fait régner la justice et la paix.
D’une manière générale, la symbolique des trônes est très complexe, d’où la nécessité d’acquérir, si on le peut, le catalogue de l’exposition*.
Peu à peu, on découvre que les monarchies modernes perdent l’usage des trônes et que Louis XIV se fait représenter debout, signe d’absolutisme et donc de puissance.
Jusqu’au discours debout des Présidents de la République dont le seul reliquat de représentation d’autorité reste la chaise sur laquelle s’assoit le Président lors du défilé du 14 juillet.
Les Trônes en Majesté siègent à Versailles, bien sûr, jusqu’au 19 juin.
Pratique :
Trônes en Majesté. L’autorité et son symbole.
Grands Appartements du Château de Versailles
Tous les jours jusqu’au 19 juin 2011.
Tél : 0130837800.
Catalogue aux éditions du Cerf, 341 p., 49€.
www.trones.chateauversailles.fr
Photos :
Sedia gestatoria du
pape Pie VII
1800-1823
Bois sculpté et doré,
velours de soie cramoisi
sur âme de bois,
passementerie en fils d’or,
bronze doré I Cité du
Vatican, Musées du
Vatican, Musée historique
du Latran I © Foto Servizio
Fotografico Musei
Vaticani, P. Zigrossi.
Siège cérémoniel inca
1450-1532
Pérou, département de
Cuzco I Bois de cèdre
sculpté I Paris, Musée du
Quai Branly I © Musée du
Quai Branly, photo Thierry
Ollivier, Michel Urtado.
Trône de l’empereur
Qianlong avec son
marchepied
Entre 1735 et 1796
Bois de santal rouge et
laqué I Pékin, Collection
du musée du Palais I
© Cité Interdite.
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