Des deux cotés de la Manche

/Il n’ y pas que la Manche qui sépare la France du Royaume-Uni, il y a parfois un vide. Dans le domaine musical, et c’est bien une qualité qu’il faut leur reconnaître, les Anglais démarrent presque tout. En fait surtout pour la pop. Quelle tournure aurait pris le rock sans les Beatles, les Who ou les Stones ? Difficile à dire.
Mais la difficulté ne fait pas peur aux buveurs de Stella ou de Strongbow.
La preuve, plusieurs fois par décennies, de petits génies viennent rappeler aux patrons ce qu’est le rock, une musique simple, aux paroles simples, bref, c’est la musique de tous. Ce souci très british d’allier la qualité à la concision perdure en 2011, pour notre plus grand bonheur.
Au tour des Vaccines de battre le rappel. Et ces garnements iront loin.

Je pense que nous avons affaire au meilleur album anglais depuis celui des Courteeners, et même du dernier Richard Hawley.
« What did you expect from the Vaccines? ». Question rhétorique s’il en est. Du brut, du sincère. Tout est si bien mené, un Wrecking bar (ra ra ra) que l’on réécoute illico pour être sûr de ne pas rêver, un Blow it up très Pixies, suivi d’un extraordinaire Wetsuit à la mélodie parfaite. Du rock entraînant, dansant, enthousiaste, disons-le, comme au temps des Beatles. Si ceux-là ne deviennent pas mondialement connus, c’est que le rock n’intéresse plus, et que nos esprits pervertis feront allégeance définitive à Coldpaly…brrr.

Côté français, les dés semblent déjà jetés. Vraiment rien à se mettre sous la dent, à moins de fouiner sur Myspace et d’être un sacré veinard. Mais vraiment, quel groupe, à part dans le hip-hop, rend unanimes et fervents les habitants de l’hexagone? Alors certains tentent de combattre cette léthargie par la chanson engagée, avec tous les problèmes que cela comporte. Si Bob Dylan, ou Gainsbourg, ont toujours refusé le titre de « protest singer », c’est que surdoués, ils avaient bien conscience qu’avec une telle étiquette ils limitaient d’emblée, à la fois leur public, et à la fois leur champ musical. Gavroche lui, veut chanter des « petits bouts de bonheur ». C’est gentil, mignon, mais tellement répétitif et déjà vu.

Comme si la musique populaire était condamnée à mélanger perpétuellement Sinsémilia et Brassens. Cet album n’est pas inaudible et son chanteur semble avoir du cœur, mais a vite fait le tour. Reggae, ska, raï et chanson française, à la sauce rouge clairement revendiquée, le tout est vite pénible.
Les nostalgiques de Bachelet apprécieront, les autres prendront  le ferry boat.

Benoît Bonnet

The Vaccines, What did you expect from the Vaccines ?
Columbia, 2010-2011

Gavroche, Des petits bouts de bonheur,
Pole production, 2011

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