Albert André (1869-1954)

/Albert André (1869-1954) – Entre tradition et modernité, un peintre ami et confident de Renoir. Une belle exposition à voir à l’entrée du site du pont du Gard.

À l’ombre d’un platane adossé à l’arche en ruine d’un pont de pierre, sur la douce pente d’une berge de rivière, les six baigneuses se sont peut être fait surprendre par deux pêcheurs admiratifs qui glissent lentement au fil de l’eau dans leur barque. La luminosité des coloris de la toile est aussi transparente que celle des impressionnistes. Ici toutefois, le peintre fait montre d’un sens des volumes plus perceptible comme en témoigne la double courbe fortement soulignée qui façonne l’ombre intérieure de l’arche pour ouvrir une large fenêtre sur l’arrière plan de la composition.

D’emblée cette scène peinte en 1908 par Albert André, choisie pour accueillir le visiteur dans l’exposition qui lui est consacrée, par le Conseil général du Gard, dans la salle d’exposition temporaire du Pont du Gard, exprime  à la fois la beauté virginale du monde et un ardent bonheur de vivre à l’exemple de Pissaro qui sept ans plus tôt félicitait l’artiste pour ses grands progrès.

« Albert André fait sien cet enseignement par l’intermédiaire de Cézanne, dont il adopte le sens architectural de la composition et l’incidence de la lumière sur les formes », souligne Alain Girard, conservateur en chef du Patrimoine et commissaire de l’exposition.
« Il lui substitue, ajoute-t-il, une série de premiers plans structurés (les six baigneuses et un arbre) devant le sujet principal (le pont) et un arrière-plan vertical. Il a compris la leçon du Déjeuner sur l’herbe de Manet… Ainsi, cette toile est-elle caractéristique de la liberté que prend Albert André pour organiser son regard ».

Celui-ci est né à Lyon en 1869 dans une famille de soyeux. Passionné par le dessin, à vingt ans, il vient à paris pour étudier la peinture et se lie d’amitié avec Bonnard, Valtat, Vuillard… Repéré par Renoir, il est recommandé auprès du célèbre galeriste Durand Ruel. Monet lui demande de le portraiturer…

À travers 170 œuvres dont quelques-unes peintes par Auguste Renoir, l’exposition offre une relecture  historique du travail, de la vie d’Albert André et de son étroite amitié avec cet illustre devancier.

Une muséographie sobre, rendue chaleureuse par la couleur audacieuse des cimaises qui reprend les tonalités employées par le peintre, un accrochage des oeuvres aussi pertinent que soigné offre un cadre exceptionnel à cette rétrospective joyeuse et festive au point qu’il faut souhaiter que les deux collections sollicitées pour la circonstance, celle du Musée départemental d’Art Sacré à Pont-Saint-Esprit et celle du Musée municipal de Bagnols-sur-Cèze puissent être prochainement définitivement réunies pour constituer un seul et même ensemble.

L’intéressé nous le reprochera certainement, mais il faut inciter les visiteurs à suivre une visite sous la conduite enchanteresse d’Alain Girard, et, si cela ne se pouvait, le superbe catalogue de 340 pages qui reprend ses propos pour illustrer les œuvres de l’exposition toutes reproduites pourra combler les amateurs les plus exigeants.

Exposition ouverte du 9 juin au 25 septembre, tous les jours, de 9h – 19 h.
Visite comprise dans le forfait entrée du site du Pont du Gard (15 euros par famille jusqu’à 5 personnes).
Catalogue : 35 euros.

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