L’École Normale de Musique-Alfred Cortot poursuit sa saison de Master Class avec l’un de ses plus fidèles professeurs, Janine Reiss.
Cette rencontre, consacrée aux « Héroïnes de Mozart » est particulièrement émouvante pour celle qui a beaucoup travaillé sur Mozart et qui fut aux côtés de Joseph Losey pour le merveilleux Don Giovanni avec Ruggero Raimondi.
La maître de chant, qui a fait travailler les plus grands chanteurs de Maria Callas à Teresa Berganza en passant par Placido Domingo, est très soucieuse de la partition. Son credo pour trouver La, Sa bonne interprétation est de coller au plus près des indications (nuance, rythme,…) du compositeur.
Quatre jeunes chanteuses, de niveau et d’âge différents, ont été sélectionnées pour cette Master Class. Le cours débute avec l’air de Pamina « Ach Ich fühl’s » de Die Zauberflöte.
Claire Lairy possède une voix souple et élégante, idéale pour le répertoire mozartien. Elle est également animée d’un enthousiasme qui sera sûrement très utile quand elle abordera des rôles tels que Susanne ou Despina, pour rester dans le répertoire mozartien.
Janine Reiss travaille avec elle le tempo qu’elle juge à la première écoute trop lent : plus c’est lent, plus le personnage lui semble âgé et elle lui demande d’accélérer pour rajeunir la jeune fille et la rendre ainsi plus naïve. Elle insiste également sur la ponctuation à respecter notamment avant « Seh » et « Tamino». En revanche elle lui demande d’attendre avant d’exécuter la cadence finale « Im Tode sein » pour forcer le trait dramatique.
Place à la furie Dorabella. Eléonore Pancrazi se révèle bonne chanteuse, une fois le trac passé. Janine Reiss reprend tout l’air avec elle, et non seulement son interprétation est plus vivante et plus convaincante, mais sa voix gagne en puissance. Pour elle, Dorabella se fait une comédie à elle-même dans l’air « Smanie implacabili ».
Janine Reiss parle ensuite de Don Giovanni et des différentes femmes présentes dans l’oeuvre. Selon elle, Donna Elvira est la seule qui soit droite et honnête et ce jusqu’au bout de l’opéra puisqu’elle propose à Don Giovanni une dernière chance de se racheter. Liga Yi est convaincante dans ce rôle mais doit toutefois rester attentive aux valeurs des notes qu’elle a tendance à changer. Janine Reiss reprend avec elle ce point mais également les changements de nuance, de tonalité, etc…
Après la fille, la mère puisque la Master Class se termine sur le premier air de la Reine de la Nuit « O zittre nicht ». Janine Reiss rappelle qu’à l’origine l’air était écrit un ton plus bas, donc moins redoutable. Louise Pingeot se sort bien des difficultés de cet air, et apporte une dimension intéressante au personnage, mi-méchante, mi-enjôleuse. Le professeur insiste sur les silences dans le récitatif. La chanteuse possède une voix agile, des aigus mais le suraigu manque un peu de corps.
Même si elle monte facilement, ce répertoire n’est peut-être pas celui qui lui convient le mieux. En clin d’œil, les quatre élèves ont préparé le duo « Ah guarda sorella » de Cosi fan tutte, de futures Fiordiligi et Dorabella sont nées. Une mention spéciale pour le pianiste Genc Tukiçi, absolument remarquable, qui soutient, écoute les chanteurs.
Janine Reiss prodigue de précieux conseils à ces élèves mais en prenant toujours soin de la compréhension du public, pas forcément musicien, mais toujours mélomane.
Jeannine Hauchart
Prochaines Master Class :
5 et 6 mars 2012 à 19h30 : François-René Duchâble donnera 2 cours différents et se produira lors de ces soirées.
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