Par Pierre Recarte*
Relier Paris à Madrid par une ligne à grande vitesse (LGV) : un projet inutile, ruineux et dévastateur provoquant une levée de boucliers au Pays basque mais aussi ailleurs !
Une LGV dévaste l’environnement, n’épouse ni les paysages ni les reliefs, cloisonne, fragmente les milieux naturels et urbains.
C’est un passage en force en ligne droite. La Côte basque à l’environnement fragile, entretenu et sauvegardé, souffrira-t-elle d’une nouvelle saignée dégradant irréversiblement paysages et villages séculaires ?
De gigantesques viaducs enjamberont nos cours d’eaux côtiers, sur les 35 km du parcours, 23 seront sillonnés par des trains perchés sur leur digue de ballast. C’est l’insertion paysagère promise par RFF ! Deux études indépendantes confirment l’inutilité du saccage, aucun critère objectif ne permet d’affirmer que la ligne actuelle sera saturée. 8 milliards d’euros dilapidés pour un projet à la viabilité économique désastreuse mais pour quelle finalité et pour quels intérêts ?
La grande vitesse ferroviaire majore les disparités territoriales, accompagne et renforce la métropolisation, concentre hommes et activités dans les plus grands centres urbains.
Au Pays basque elle risque d’accentuer la résidentialisation et la pression foncière. Il faut soi-disant désenclaver les territoires pour favoriser leur développement alors que les études montrent que la grande vitesse ne contribue pas à dynamiser la croissance et l’emploi des villes moyennes et n’est pas un facteur d’attractivité de nos cités. Les retombées économiques sont illusoires. Une LGV déménage le territoire et ne l’aménage pas !
Les modèles de société sur lesquels s’appuie le développement inconsidéré de ces infrastructures sont dépassés. Ils font référence à ceux propulsés par une politique européenne datant des années 80-90 et totalement inadaptés à la réalité actuelle. Les modèles d’avenir à prédominance urbaine sont ceux qui concentrent le plus de complexité sociale et assurent une répartition géographique équilibrée de la population.
La modernité que l’on veut nous imposer consiste à développer la métropolisation au détriment du développement harmonieux des territoires. Est-ce là le souhait profond des Aquitains ? Laisser croire qu’une hypothétique croissance permettra le lancement de projets inutiles flattant la mégalomanie des grands élus, c’est hypothéquer l’avenir de nos enfants. La pertinence d’un projet ne s’apprécie pas sur sa faisabilité financière comme le démontre l’A65 !
Continuera-t-on longtemps dans cette voie ?
www.voiesnouvellestgv.webou.net/accueil.htm
*Pierre Recarte est médecin radiologiste retraité, vice-président de l’association anti-LGV Nivelle-Bidassoa et membre actif du CADE. Le CADE est un collectif de 43 associations de défense de l’environnement du Pays basque et du sud des Landes.
Il est l’auteur du livre « Les rails de la déraison. La très grande vitesse en Aquitaine et ailleurs », édité par Nuvis en 2011 dans la collection Enjeux 2050.
Une radiographie du projet LGV s’imposait en effet .
Point besoin de rayonnement laser pour juger de l’inutilité d’un tel projet .