Par Patrice Maire*
En septembre 2008, Bertrand Delanoë présente à des journalistes éblouis, à l’Hôtel de Ville, la maquette d’une tour en forme de triangle, haute de 180 m, large de 200 mètres, dans le Parc des expositions de la Porte de Versailles.
Elle va, soi-disant, « renforcer l’attractivité du site » par sa stature, mais aussi en logeant un grand hôtel, des salles de congrès et quelques bureaux. En réalité, le maire de Paris a d’autres objectifs, changer la physionomie de Paris, « en faire une ville du XXIe siècle »…, mais aussi et surtout, faire une belle opération de communication ! Sa démarche est facilitée par des idées fausses, des malentendus.
Beaucoup croient qu’augmenter la hauteur crée davantage de logements. Bertrand Delanoë n’a prévu que des tours de bureaux, mais se garde bien de détromper ses concitoyens.
En réalité, les tours coûtent cher à la construction, les charges y sont excessives. Elles sont impropres à loger le plus grand nombre.
Autre confusion, l’intérêt du concessionnaire, Unibail, est d’abord financier : la tour Triangle sera occupée par une grande entreprise de taille internationale, sans lien avec le Parc. Tant et si bien que, le 22 février 2012, Thierry Hesse, commissaire général du Mondial de l’Automobile, déclare que ce projet va handicaper les salons au lieu de leur donner du tonus.
En effet, elle va amputer le Hall 1, unique au monde par sa taille, par l’absence de poteaux, et l’isoler des autres pavillons. Elle va sévèrement limiter les possibilités de réaménagement des bâtiments alors que cette manifestation prend de l’ampleur chaque année.
Quel est alors l’intérêt de la tour Triangle ?
En 1899, la tour Eiffel avait un sens dans une France qui était encore dans le trio de tête des puissances mondiales. Dans les années 1890, les tours à New York symbolisaient le capitalisme triomphant. De nos jours, en Chine, elles apparaissent par milliers et expriment une revanche à prendre sur les pays occidentaux.
À Paris, nous avons bien mieux, une vision de la ville emblématique, marquée par les beaux boulevards bordés d’immeubles en pierre de taille, dans le cadre d’une culture architecturale « haussmannienne » qui harmonise la ville dans la diversité. Et, en même temps, nous avons une ville intense, active, mixte, enchevêtrée, riche de diversités. De là provient l’attractivité de Paris, ville la plus visitée au monde. Nous avons lancé une pétition pour ne pas qu’elle soit banalisée, ravalée à un esthétisme international qui a tour à tour déclassé Bruxelles, Londres, etc.
*Patrice Maire fonde l’association Monts 14 en 1996, puis lance le journal Monts 14 en 1998 et publie le livre Le 14e : quête d’un patrimoine menacé en 1999. En 2000, il obtient une modification du POS du 14e arrondissement de Paris, puis, en 2001, le rachat, par la Ville, du terrain sur lequel se trouve le bistrot La Bélière dont il demandait la sauvegarde. A partir de 2008, il combat le projet de tour Triangle dans Paris. En 2011, il fait alliance avec les associations ADHAPE et Jeunes Parisiens de Paris pour former le Collectif contre la tour Triangle auquel viennent se joindre les associations AP XV et SOS Paris.
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