Vers l’exil artistique ?

Par Christine Sourgins*

/Le galeriste Daniel Templon constate : « les artistes français des années 1960, 1970, 1980 n’ont pas de marché sur la scène internationale ». Pourquoi ? Les acteurs internationaux, conservateurs, marchands, collectionneurs « répondent tous que c’est d’abord à la France et ses institutions d’en assurer la promotion, la diffusion ; ce qui à leurs yeux n’est pas le cas. Il suffit de regarder… comment le centre Pompidou défend la création française » (1) .

Alain Quemin dresse lui « La carte et le territoire » du marché (2). « A l’ère supposée de la globalisation et du métissage, de l’effacement des frontières nationales, l’immense majorité des artistes, même les plus consacrés internationalement, continuent de vivre et de créer dans le pays même où ils sont nés. Aucun d’entre les plus internationaux ne semble vivre et créer durablement dans plus de deux pays ».
À quoi on peut répondre que les journées n’ont que 24 h mais surtout que si « à eux seuls les États-Unis concentrent près de la moitié des artistes internationaux les plus consacrés » : quel besoin un américain aurait-il de s‘expatrier ? New York est la métropole la plus attractive, Berlin loin derrière.
« Le monde de l’art et de la consécration internationale, entendu au sens de l’espace dans lequel se répartissent les 100 artistes internationaux les plus reconnus, touche 21 nationalités, il ne s’étend qu’à 15 pays seulement quand on envisage les lieux de résidence » .

Les nations non-occidentales (c’est-à-dire hors Europe et Amérique du Nord ) sont pratiquement incapables de faire accéder seules leurs artistes à la consécration. L’Italie, en vogue dans les années 70/80 décroche ( le Maxi, musée d’Art contemporain de Rome dessiné par la star Zaha Hadid et inauguré en grande pompe en mai 2010 est en faillite aujourd’hui (3).

Les pays émergents, tel la Chine, ne semblent pas être encore pris en compte dans ces classements établis à partir de l’Artindex 2011 : pour y obtenir un rang élevé un artiste doit sans doute justifier de quelques années de présence, sous peu « la carte et le territoire » risquent d’être bouleversés avec un polycentrisme succédant au monopole américain.

Si Paris fut prophète et agent de cette mondialisation avec en 1989 l’organisation des « Magiciens de la terre » à Beaubourg et à la Villette, la France n‘en profite pas comme elle devrait : si elle a su donner une visibilité à un Suisse comme Thomas Hirschhorn ou attirer l’Allemand Kiefer, « il apparaît que la France peine désormais à jouer un rôle de consécration maximale. Si elle peut encore lancer des artistes et les faire accéder à des niveaux importants de visibilité internationale, le franchissement des marches les plus élevées peut nécessiter de s’orienter vers d’autres horizons ».

Bref après l’exil fiscal… l’exil artistique ?


1 Le journal des Arts N°376, tiré à part pour la Fiac, 5 au 18 octobre    2012. Ceux-ci étaient donc sous-représentés à la Fiac, exception faite de Supports/Surfaces  bénéficiant de tout un stand.
2 Ibidem, p.14 et 16.

3 Le Monde 27 octobre 2012, p.2.

Conférences d’histoire de l’art,
par Christine Sourgins
Galerie Peinture Fraîche
29 rue de Bourgogne  Paris 7ème- métro : Varenne ou Invalides

Jeudi 13 décembre 19h  : « Qu’est-ce que la peinture des Pompiers ? »

Renseignements et tarifs  : 07 50 46 60 31.

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