Quand notre patrimoine est mis en lumière avec moult effets spéciaux, c’est la grande Histoire qui se met à revivre sous l’œil émerveillé des spectateurs, petits et grands.
Pour la seconde année consécutive, l’Institut National des Invalides devient le théâtre d’un son et lumière époustouflant.
Théâtre de gloires et de souffrances nationales, les Invalides furent édifiés en manière de déclaration d’amour par Louis XIV envers ses fidèles soldats blessés. Puis ce fut Napoléon qui y remit la première Légion d’honneur et enfin De Gaulle qui y créa l’Ordre de la Libération.
Mais cette nuit, comme tant d’autres jusqu’au 7 mai, les murs du noble monument historique prendra vie.
Durant 40 minutes, les nouvelles technologies associées aux voix profondes d’André Dussolier, de Jean Piat et de Céline Duhamel font revivre les lieux. Et tout cela grâce au talent de magicien Bruno Seillier, fondateur de la société Amaclio avec François Bernard, inventeur d’un joli vocable, la « noeniaménie » (les pierres qui parlent); rapproché du sens d’Amaclio (en latin « qui aime la muse de l’Histoire »), et voilà l’intention dévoilée.
Bruno Seillier qui avait déjà quelques dizaines de spectacles à son actif avant la fondation de sa société il y a un peu plus d’un an, souhaite que le public se réapproprie son Histoire. Didactique, empreint de poésie, son auteur ne le considère pas comme un son son et lumière mais comme un genre encore inédit car les moyens utilisés sont innovants.
Trois des quatre façades de la cour des Invalides voient défiler Clio et Chronos, suivis de Louis XIV en majesté, des effrayantes armées révolutionnaires, de Napoléon avec son bicorne, et puis ce seront les terribles images de nos héros du XXème siècle, ceux qui « sont morts pour la terre charnelle » comme le disait Péguy et que reprend « la voix » (ou plutôt « L’Oeil de Louvois – un clin d’oeil à l’architecte des bâtiments ! – de cette émouvante nuit de l’Histoire… Les Poilus, les soldats de la Seconde Guerre Mondiale, héros morts ou encore vivants parfois… Les Invalides sont leur demeure. Aujourd’hui encore, ceux qui ont mérité de la patrie sont soignés et parfois terminent leurs jours à l’Institution Nationale des Invalides. Une partie des fonds de ce spectacle lui sera reversée.
Des hommes tombent toujours pour la France et un hommage délicat leur est rendu.
Le spectacle monté avec le concours de la société de technologies visuelles et sonores Spectaculaires (lauréats du grand Prix de la Fête des Lumières à Lyon en 2008) est éblouissant. On se doute peu du travail titanesque fourni (4000 heures passés par les infographistes pour mettre au point les vidéos) et du matériel conséquent qu’il faut monter et démonter en partie chaque jour.
Gageons qu’avec ce spectacle et ceux qui suivront, le but d’Amaclio sera atteint : que tous les enfants de France se réapproprient ces pierres encore vibrantes de notre Histoire, comme le souhaitait Malraux. Nous ne résistons pas au plaisir de citer l’homme politique et surtout le parangon d’une certaine culture :
Ces … monuments sont le plus grand songe de la France.
C’est pour cela que nous voulons les sauver ; non pour la curiosité ou l’admiration, non négligeable d’ailleurs, des touristes, mais pour l’émotion des enfants que l’on y tient par la main. Michelet a montré jadis ces petits visages éblouis devant les images de leur pays où la gloire n’avait pas d’autre forme que celle du travail et du génie. C’est elles qui nourrissent notre communion la plus profonde. C’est par elles que les combats, les haines et les ferveurs qui composent notre histoire s’unissent, transfigurés, au fond fraternel de la mort.
Ainsi s’achève la Nuit aux Invalides, avec la célèbre phrase de ce beau discours de Malraux à L’Assemblée Nationale en 1967 (comme cela nous paraît loin…) :
« Puissions-nous faire que tous les enfants de France comprennent un jour que ces pierres toujours vivantes leur appartiennent à la condition de les aimer ! Puissions-nous ensevelir un jour, à côté de la statue de Mansart ou de celle de Louis XIV, l’un des maçons inconnus qui construisirent Versailles et graver sur sa tombe : « Versailles, bâti pour le roi, conquis par le peuple, sauvé par la nation ».
Et si la Nuit aux Invalides était la Nuit de la Réconciliation ?
Pratique :
La Nuit aux Invalides
Cour d’honneur des Invalides
rue de Grenelle
75007 Paris
Du jeudi 18 avril au mardi 7 mai 2013 :
– Toute la semaine de 21:30 à 22:30
– Du lundi au samedi de 22:30 à 23:30
Tarifs d’entrée :
– Plein tarif : 20 €
– Tarif réduit : 9 €
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