Défense du français : poids des mots et poésie de notre langue

/Vous le savez CultureMag chérit la langue française, notre patrimoine commun en France et partout à travers le monde.
Même les amoureux peuvent écorcher l’aimé sans y prendre garde. Alors, que dire des indifférents et des traîtres ! C’est pourquoi, revenir sur sa défense s’avère nécessaire.
La Délégation Générale de la Langue Française a donné la parole à des écrivains pour un manifeste de
Défense et Illustration de la Langue Française aujourd’hui.
Voir ces belles plumes exprimer leur attachement à la langue de Molière, de Baudelaire ou de Céline, est revigorant.


Qui se souvient de cette date décisive de 1549 où le poète Joachim  Du Bellay fit paraître la fameuse Défense et Illustration de la Langue Française, affirmant la « dignité » du français face au grec et au latin, et dénonçant « la Monstre Ignorance ». Son geste le plus touchant fut de faire appel aux poètes afin d’enrichir la langue.

Aujourd’hui, force est de constater que le français s’abâtardit, se délite dans le magma informe du franglais, où  la pauvreté langagière induit l’indigence de la pensée
La vulgarité d’une civilisation en mal d’elle-même, la « Monstre Ignorance » vient de frapper la scène médiatique française. Le mot « con » par exemple se trouve bien dans le dictionnaire mais pourrait-on dire, « c’est un peu court jeune homme !»  « Qui dit mieux ? » Mais personne car, pour rester au niveau des individus qui l’ont érigé, c’est celui « qui dit-qui-y-est ».
À indigence des mots, vacuité de la pensée.
Ah, la justesse de la langue française qui regorge de sèmes et structure la pensée !

On se réjouit de la déclaration d’amour à la belle langue française  parue chez Gallimard en collaboration avec la Délégation Générale à la langue française. Un joli kaléidoscope de témoignages d’amoureux du français.
Pour François Cheng, elle est « une des réalisations exceptionnelles de l’esprit humain » ; et Michel Deguy décèle donc dans la globishisation les causes  et ferments de l’appauvrissement de la langue. À moins que ce ne soit le contraire ! L’anglicisation (celui de Wall Street et non celui de Shakespeare) « arrache aussi les Anglais à leur être traditionnel. » Sans nos langues, nous voici perdus dans le « néo-monde ».

Et comme le dit joliment Alain Borer, parler la langue française « c’est être attablé avec Racine… ? Henri IV, Rousseau, Senghor, Christine de Pisan …, Maupassant, Poussin…, en un banquet où tout le monde se comprend ».
« Les fautes de la langue ont partie liée, au sens du symbole, à la montée des incivilités dans la société. Cette langue en souffrance est la langue de la sous-France ».

Et Alain Borer de préciser qu’elle « n’est pas une affaire de classe » mais atteint toute les couches de la société qui se délite. Pour en finir avec la culture, dans le sillage des révolutionnaires comme Marinetti en 1912… Dans un pays où l’État, de plus en plus totalitaire, légifère sur tout et n’importe quoi, mettant son « grain de sel » jusque dans nos ancestrales cheminées, aucune loi  de défense de la langue française n’est appliquée.
Jacques Réda,  quant à lui, constate que la société marchande a fait main basse sur la langue comme sur les ressources naturelles et le domaine de l’art.

Ne désespérons pas mais luttons,  persuadés à l’instar de Tahar Ben Jelloun que « les langues françaises ont des ressources insoupçonnée ».

Défendre la langue française, l’illustrer par le langage et la pensée, s’inscrit comme la condition du « vivre ensemble » de la société et de la civilisation.


Défense et Illustration de la Langue Française aujourd’hui, Collection Hors série Poésie, Gallimard, 2013, 10€.

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