Disney et Kandinsky : Mickey c’est pour les gosses ?

Du jamais vu ?
Nous sommes en 1940. La guerre sévit en Europe, les artistes sont censurés. Néanmoins aux États-Unis, les très célèbres Studios Disney mettent au monde une nouvelle animation : Fantasia.

Comme son nom l’indique, cette œuvre se veut originale et onirique. Son ambition n’est autre qu’illustrer des chefs d’œuvres de la musique classique.  La première partie, en particulier, est surprenante. Disney fait apparaître, danser et onduler des formes géométriques sur l’air de Toccata et Fugue en ré mineur de Jean Sébastien Bach. Mais est-ce réellement Bach qui a inspiré ces images psychédéliques ?


Première hypothèse : les États-Unis piquent les idées des Russes.

Des formes géométriques ? Des couleurs ? De la musique ? N’importe quel amateur d’art répondrait : facile, il s’agit d’un tableau de Vassili Kandinsky ! Il est difficile en effet de ne pas voir transparaître dans cette animation certains tableaux du célèbre peintre mort en 1944. De plus, cet artiste russe et théoricien de l’art est l’auteur de cette célèbre citation sur la synesthésie ou transformation des sons en couleurs  : « La couleur est le clavier, les yeux sont le marteau et l’âme est le piano avec les cordes ». Pourtant, aucune preuve ne permet d’affirmer cette influence.

Deuxième hypothèse : Walt Disney était un grand fan des poètes symbolistes.
Et si l’on cherchait encore un peu dans nos références culturelles, on se souviendrait que les poètes symbolistes évoquaient déjà ce mélange des sens, bien avant Kandinsky.  « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » écrit Baudelaire dans Correspondances.
Réponse : Les États-Unis fricotent avec l’Allemagne.

En Allemagne, un réalisateur de cinéma est passionné de musique et d’arts graphiques. Ses ouvrages sont empreints de ces deux grandes passions. Il explore également l’animation en volume, de manière novatrice, en utilisant la pâte à modeler et en créant des formes abstraites.
Il réalise en 1938 une animation graphique intitulée An Optical Poem, sur un air de Liszt. Puis, hasard ou coïncidence, il collabore quelque temps avec les Studios Disney ! Cet homme se nomme Oskar Fischinger (1900-1967). S’il n’est pas l’auteur de Fantasia, cette œuvre s’inscrit clairement dans la lignée de son travail sur Liszt.

La vérité est maintenant dévoilée. Mais libre à vous d’envisager d’autres hypothèses.

Jeanne G.

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