Les traditions ont du bon ! Surtout en Provence, où personne n’a peur de l’excès et tout le monde soutien sa culture et ses racines… Et c’est bien connu, point de Noël sans sa « Pastorale », ses treize desserts et ses polyphonies en nissart ou en provençal.
Sans compter les fameuses crèches aux innombrables santons…
Il faut remonter à 1223 pour découvrir une des premières crèches, vivantes, créée par le grand saint, François d’Assise. Comme parfois aujourd’hui encore, les personnages étaient joués par les gens du village avec leurs animaux. Et ainsi une tradition est née.
Au fil des siècles les « acteurs » ont été remplacés par des personnages en bois, en cire, en carton pâte, en faïence ou même en verre. Les crèches telles que nous les connaissons apparaissent dans les églises au XVIe s. Parmi les plus anciennes connues sont celles réalisées par les Jésuites de Prague en 1562.
L’histoire s’est poursuivie par l’apparition de crèches de Noël dans les familles, au XVIIIe s., dans les demeures aristocratiques napolitaines. Elles reproduisaient la vie quotidienne de Naples… En France, les représentations publiques étant interdites pendant la révolution, la crèche de Noël devient ici aussi « privée ». C’est l’origine de la crèche provençale, qui s’inspire de la vie locale, présentant les personnages typiques de la région, du village ou des défunts de la famille. Puis ce sont les santons (petits saints en provençal) qui apparaissent.
Ils représentent tout le petit monde du village : le meunier, la lavandière, le gendarme, le braconnier…
Cette tradition est particulièrement mise en valeur par le « circuit des crèches » organisé à Noël depuis 17 ans par la Maison de Pays de Lucéram et du Haut Paillon, quelques kilomètres au dessus de Nice. 450 crèches au bas mot (anticléricaux, laïcards et fâcheux s’abstenir !) sont offertes à l’admiration de milliers de visiteurs arpentant les ruelles du village. De tous horizons – et parfois même de différentes confessions religieuses ! – les crèches y sont symboles de paix et rassemblent les peuples.
Les visiteurs, petits comme grands, repartent enchantés de leurs découvertes. Les ruelles de ce village perché sont métamorphosées, parées d’une multitude de branchages décorés aux couleurs de Lucéram (rouge et or)… et des crèches de toutes les tailles se retrouvent jusque dans les endroits les plus improbables. C’est une véritable chasse au trésor ! De la plus petite, dans une demi noisette, à la plus grande, 10 mètres de long, de la plus humbles à la
plus sophistiquée, plus de 450 crèches sont exposées dans les rues, les caves, sur les fontaines, sous les porches, à l’église, à la tour, au four à pain, au Musée des Vieux Outils…
On y découvre des crèches animées, provençales, en tissu, en chocolat, la superbe et très émouvante crèche ancienne Napolitaine, des crèches « du monde », contemporaines et celles que je n’ai pas vues ! Et tout ça grâce à l’enthousiasme des habitants et de nombreux bénévoles.
Faire la crèche, c’est non seulement une tradition séculaire, mais aussi une joie. Certaines sont de véritables œuvres d’art et même la plus simple et la plus pauvre est émouvante.
Petit havre de paix et de fraternité, la crèche de Noël est incontournable des fêtes de fin d’année.
Alors pourquoi priver les enfants d’un peu de rêve et de féérie au nom d’une laïcité mal comprise ?
N’est-ce pas un cadeau précieux à leur faire en ces temps troublés ?
Alice de Charnay
Pour en savoir plus : www.luceram.com/
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