Brexit : exit l’anglais !

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Après le départ anglais de l’UE, continuer à promouvoir le tout-anglais en Europe serait encore plus absurde, aliénant et indigne.
Les événements en cours sont une fois de plus un immense hommage aux vues prophétiques de Philippe Séguin, lors de son célèbre discours sur le traité de Maastricht en 1992 :

«Il n’y a aucune place pour des nations vraiment libres dans un État fédéral».

Voici une belle occasion de rompre avec le tout-anglais en Europe !

« La langue de l’Europe, c’est la traduction ». Umberto Eco.

Au fil des décennies, l’eurocratie bruxelloise a méthodiquement violé ou contourné les traités qui lui font obligation de respecter l’identité culturelle des Etats affiliés à l’UE. Ainsi s’est imposée la pratique scandaleuse qui consiste à promouvoir l’anglais comme la langue officieuse et quasi-exclusive de l’UE alors qu’une Europe respectueuse de ses Etats constitutifs aurait dû cultiver le plurilinguisme comme un atout économique et comme une richesse culturelle de première importance.

Or, non seulement le Rapport au Parlement sur l’emploi de la langue française (2015) établit que le français (et aussi l’italien, l’allemand…) sont marginalisés au profit de l’anglais à Bruxelles, mais on a pu voir récemment M. Moscovici, fraichement nommé commissaire européen, sommer en anglais ses ex-collègues du gouvernement français de déréguler le marché du travail dans notre pays !
Une sommation analogue s’était déjà traduite en Italie par la mise en place du Jobs Act dont la seule appellation dégage un fumet déplaisant d’aliénation politico-linguistique, sans parler du contenu très discuté de ce type de texte bouleversant les rapports entre employés et employeurs…

Cette dérive totalitaire vers la langue unique – et vers la pensée et la politique uniques que le tout-anglais porte insidieusement – résulte d’une politique linguistique inavouable. Soustraite au débat démocratique, promue par une oligarchie financière qui fait du Business Globish la « langue de l’entreprise et des affaires »* et qui tient les langues nationales pour autant d’obstacles à l’« économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée », cette stratégie d’arrachage et de substitution linguistiques vise à fondre nos pays si divers dans le Grand Marché Transatlantique en gestation.
Dans le même temps, il s’agit de créer une pseudo-élite supranationale, américano-dépendante et totalement coupée des peuples d’Europe. Non seulement le tout-anglais tend à marginaliser les langues nationales**, ce patrimoine de toute l’humanité, mais l’arrachage linguistique en cours sape les bases du vivre ensemble et de l’échange international équitable alors même que les tenants du tout-anglais se réclament hypocritement de l’ « ouverture », de la « paix » et de la « diversité ».

Déjà illégitime en son principe, l’option inavouée en faveur du tout-anglais devient carrément insoutenable dès lors que l’Angleterre a choisi de quitter l’UE.
Quels que soient nos jugements respectifs sur l’actuelle « construction européenne » et sur sa légitimité, nous affirmons solennellement que le maintien de l’euro-privilège exorbitant dont dispose le tout-anglais ne pourrait relever que d’un mépris de caste ouvert, insupportable et indéfendable.
Ne pouvant compter ni sur les eurocrates, sourds et aveugles à tout ce qui vient des peuples, ni sur nombre de gouvernants des États européens acquis à l’aliénation linguistique, nous appelons les citoyens et les mouvements démocratiques de chaque pays à se dresser contre l’aliénation du tout-anglais ; partout, défendons le droit de chaque individu et de chaque peuple à produire, à créer et à échanger prioritairement dans sa ou ses langues nationale(s) ; revendiquons le droit et les moyens pour chaque citoyen de chaque pays d’Europe d’apprendre et de pratiquer plusieurs langues.

Faisons éclater la légitime colère des peuples et des citoyens libres contre une politique linguistique aliénante, voulue par l’U.E., que le référendum britannique a désormais privée de toute apparence de légitimité.

*Dixit M. E.-A. Seillières, le 23 mars 2006, lors de sa prise de fonction à la tête du syndicat patronal européen Businesseurope…

**… et internationales, car le français, le portugais, l’espagnol sont parlés en Afrique, en Asie, en Amérique…

Signataires : Léon Landini, Georges Gastaud, Matthieu Varnier (Association CO.U.R.R.I.E.L.), Albert Salon (président d’Avenir de la langue française), Daniel Miroux (président de l’Alliance Champlain), Régis Ravat (président de l’AFRAV), Philippe Loubière (ASSELAF), Guy Chausson, Gérard Janot (Association lotoise des amis de la langue française), Marc Favre d’Echallens (président de Droit de comprendre), Philippe Reynaud (président de Défense de la langue française/ Pays de Savoie).

Deuxième liste : Edgard Fonk ; Association pour la promotion de la L.F. en Flandre ; Henri Fouquereau (Forum pour la France), Pierre Demers, scientifique québécois, président de la Ligue internationale des scientifiques pour la L.F. (LISULF). Renato Corsetti, Comitato Allarme Lingua (Italie).

 

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