Balenciaga : l’oeuvre au noir

/Visiter le musée Bourdelle à la nuit tombée se révèle magique et comme irréel avec un arrêt dans le temps au milieu des sculptures. Ce fut le cas lors du vernissage de l’exposition « L’œuvre au noir », en déambulant parmi les fashionistas originales, assemblées ici pour un soir.    

L’œuvre de Balenciaga s’intègre bien au milieu des sculptures. Le parcours ressemble à une noble danse espagnole à travers les salles de ce musée- atelier- jardins. Le noir y apparaît comme une évidence et s’impose partout élégant, pur, dépouillé, comme une nuit sans étoiles et pourtant lumineuse. De nombreuses déclinaisons de nuances et de textures jouent avec les matières et avec la lumière.

Des écrins noirs présentent les  modèles pour mieux faire ressortir l’exceptionnel talent ainsi que la noblesse et la fierté de leur créateur. Le grand couturier espagnol fut baptisé le « Picasso  de la couture » ou « le couturier des couturiers » et décline dans sa couleur préférée, les souvenirs de son enfance espagnole.

Il ne s’agit pas vraiment d’une couleur diront certains. Pour d’autres, elle correspond au chic, à la modernité, à la sobriété, à l’intellectualisme, à la sensualité et bien –sûr au deuil. Il incarne justement cette puissance pour le personnage de la mort dans « Orphée ». Cette couleur est aussi le symbole de la petite robe noire de Chanel, du smoking d’Yves Saint Laurent, des Gothiques, mais aussi de la justice, des avocats et des juges, des ecclésiastiques, des musiciens, des pirates et des tenues de gala.

Audrey Hepburn, Edith Piaf, Juliette Greco… l’ont portée comme un symbole de leur personnalité. Elle symbolise aussi la couleur des ténèbres, de la nuit et par conséquent du mystère avec un caractère parfois de sévérité. Le cinéma la réadapte dans un esprit d’esthétisme !

A travers l’histoire, le noir est donc rapidement devenu un signe extérieur de statut social. A la cour d’Espagne, les nobles flamands ou les puissants seigneurs de Venise, faisaient confectionner des habits noirs pour se distinguer, pour signaler leur position sociale et leur richesse : un acte de pur élitisme.

Souvent dépeint comme un personnage sans compromis, innovateur et audacieux, Cristóbal Balenciaga est né en 1895 dans un petit village de pêcheurs du Pays Basque espagnol. En 1937, il s’installe à Paris et ouvre une maison de couture à son nom au 10, avenue George V. Il a influencé la mode du XXe siècle, en transformant dans les années 50 la silhouette féminine et compte parmi ses clientes Grace de Monaco, la Duchesse de Windsor, les Reines d’Espagne ou de Belgique.

Son influence sur la mode du XXe siècle est considérable. Décrit comme un architecte –sculpteur il s‘est inspiré de tenues traditionnelles pour parvenir à des modèles très graphiques et modernes, comme celui de la robe trapèze que l’on peut apercevoir dans l’exposition. Le noir est sa couleur jusque dans ses patrons. Il travaille sur les volumes, aime mélanger les textures et notamment le gazar décrit par certains volumineux et indocile. Ses vêtements sont malgré tout souples et légers.

Balenciaga rendait toutes les femmes élégantes et certains de ses manteaux et de ses robes- sont aujourd’hui plus que jamais d’actualité.

Ysabelle Joly

 

Pratique :

 

Balenciaga, l’œuvre au noir, musée Bourdelle, du 8 mars au 16 juillet 2017
Habits aux couleurs de l’Espagne, Maison Victor Hugo, du 21 juin au 24 septembre 2017
Mariano Fortuny, Palais Galliera, automne 2017

Musée Bourdelle
18, rue Antoine Bourdelle
75015 Paris
Tél : 01 49 54 73 73
Fax : 01 45 44 21 65
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h

 

 

 

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