Zhou Gang a connu la tourmente de la Révolution Culturelle chinoise. Il fait partie de la première génération qui retrouve la liberté de créer.
Ce grand artiste est à l’honneur à Paris du 12 avril au 27 mai, à la Galerie Hebert avec une exposition à ne pas manquer .
Né à Shanghai en 1958, il est le fils d’un peintre chinois qui l’initie à son art dès l’enfance. Son père est arrêté et relégué dans un camp de rééducation en raison de sa pratique traditionnelle de la peinture. Zhou Gang peint clandestinement jusqu’à l’âge de 20 ans.
Pour retrouver les fondamentaux de la peinture à l’encre, il entreprend des lointains voyages. Virtuose de son art, il est en quête de plus encore : le principe transcendant qui donne une âme à la peinture.
Tibet, le Japon marqueront ses années d’apprentissage. Paris sera son choix pour y établir l’atelier.
Paris est son ermitage, sa solitude, au milieu d’une ville artistique luxuriante. Il s’y enrichit de tout l’art du monde dans musées et galeries. S’il est aimé, reconnu et recherché en Chine, au Japon, en Amérique, il vit secrètement à Paris pour se consacrer entièrement à la peinture.
L’invisible de l’être est le grand sujet de son art. Son ambition, à travers la peinture du paysage, est de saisir l’âme, le souffle, la vie. L’encre et son extrême fluidité épouse son geste très sûr, permet fulgurances de l’instant, émergence de lumières qui irradient à travers l’espace. Il parcourt toutes les modulations de la lumière, des nappes d’ombre d’un noir translumineux au blanc étincelant du papier. Il réussit à faire remonter l’invisible sous-jacent à la surface du visible apparent. L’émotion qui surgit grave l’image du mystère dans la mémoire.
Il n’exclut pas la couleur. Il aime à la traiter comme si elle était gemme, émail, cabochon. Il s’y révèle être un maître.
Il crée des tableaux monumentaux, des triptyques et polyptiques, mouvementés, mystérieux et tragiques, mais aussi des feuilles recueillant l’instant contemplatif et intime.
Il pratique un art ancien et nouveau à la fois.
Zhou Gang vit ardemment cette tension entre une Chine profondément intériorisée et son désir d’universalité, son besoin de comprendre et celui de s’abandonner au geste créateur… cela dans une époque aux évènements démesurés, où l’artiste est souvent réduit au statut d’instrument politique ou de fournisseur de produits financiers.
Zhou Gang a forgé son talent dans le feu de l’Histoire, à traversé ses tourmentes, par la grâce de la peinture, sans se soumettre.
Il fait partie de ces artistes qui relèvent le défi d’une Renaissance.
Aude de Kerros
Pratique :
Zhou Gang : L’âme, le souffle, le paysage
Exposition du 12 avril au 27 mai 2018
du mercredi au dimanche 14h à 19h
Galerie Hebert : 18, rue du Pont Louis Philippe 75004 Paris
Images :
Zhou Gang est un maître de l’encre de Chine, dans la lignée du très grand Bada Shanren.