Richard Gasquet, c’est l’histoire d’un revers, avec, comme le décrit joliment Jean Palliano, «cette sensation un peu bizarre, un effet d’optique sans doute, que Richard Gasquet peut à tout moment se briser le crâne en exécutant son coup majeur ».
Comme l’auteur, j’ai une certaine tendresse pour ce champion bien de chez nous, à l’accent chantant et à bonne bouille, baptisé un peu trop rapidement « le petit Mozart du tennis français ». C’est que dans notre beau pays, on n’aime pas les virtuoses, les itinéraires glorieux, on préfère critiquer, moquer, parfois plaindre, abandonnant au diable louanges et admiration jugée souvent servile. Boum-boum l’artiste quoi !
Alors, un champion en herbe qui tombe pour une histoire de poudre au nez, le public jubile, les railleries fusent au ras du filet, fleurtent avec la ligne blanche. Plus à l’aise sur le gazon que sur la poudreuse, notre champion sut rester digne dans l’adversité, une leçon qui vaut toutes les victoires. C’est cela aussi le panache, des victoires incroyables, comme celle face à Roddick, de cruelles défaites, comme face à Murray, dont il faut apprendre à se relever dans la douleur. Le portrait de Jean Palliano mérite d’évidence que vous preniez la balle au bond, en oubliant les quelques longueurs de certains échanges qui me firent parfois penser aux rallyes Borg-Vilas de mon enfance, souvenirs, souvenirs.
Et puis, Richard Gasquet est aussi ce que le public en a fait et c’est définitivement un grand monsieur qui a vu, peut-être, la balle trop souvent retomber du mauvais côté du filet. Après tout, Mozart n’a jamais gagné Wimbledon ou Roland-Garros !
François Jonquères
Le revers de Richard Gasquet (Anamosa), de Jean Palliano
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