Il y aurait d’abord beaucoup à dire sur cette politique insensée de prudence qui, dans le monde entier, a relégué la culture et, particulièrement, le théâtre au rang des commerces non essentiels.
C’est le mot malheureux de nos gouvernants qui ne sont pourtant pas les plus stupides de la planète. Mais voilà le principe de précaution est devenue une panacée. Et qu’importe ensuite que la France, pays de culture et de liberté, pense et impose comme les autres la santé comme valeur suprême. Qu’est-ce que le théâtre, pourtant, s’il n’est pas nécessaire à la Cité ? Il paraissait donc d’après nos édiles qu’il n’était qu‘un commerce comme un autre dont on pouvait se passer.
Mais ne polémiquons pas davantage. Sauf alors qu’il ne faut pas s’étonner des conséquences : la plupart des grands théâtres privés ne rouvriront qu’en septembre pour des raisons économiques.
Quant aux théâtres publics, choyés financièrement pendant le confinement grâce au maintien des subventions, ils se débattent bien souvent avec des occupants dont les revendications n’ont pas grand chose à voir avec l’art dramatique. Restent quelques théâtres qui rouvrent soit parce qu’ils n’ont pas le choix, soit parce qu’ils en ont la nécessité, soit encore pour ne pas faire de peine à notre Président de la République.
On peut citer, par exemple, la courageuse Comédie italienne avec une œuvre à l’image de son directeur Attilio Maggiulli, esthétique, élégante, bien jouée. Cette évocation du Guépard de Lampedusa que nous avons pu voir le lendemain de la première pourra en surprendre (c’est-à-dire en agacer) plus d’un, mais aujourd’hui c’est un acte civique que de s’y rendre.
Il faut véritablement du courage et de l’inconscience. Mesures barrière et masques obligatoires sont, en effet, contraire à l’essence même de ce qui est le théâtre : fraternité et communion.
Jean-Luc Jeener
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