L’Atelier Contrepoint Expose ses graveurs

Célèbre et Secret
L’Atelier Contrepoint
Expose ses graveurs

Les parisiens sont généralement les moins biens informés de la vie artistique de leur voisinage. En poussant la porte de la Galerie du Montparnasse le vadrouilleur – explorateur parisien que vous êtes pourra connaitre la création des artistes travaillant à l’atelier de gravure Contrepoint situé non loin,  rue Didot.

Un atelier effervescent et centenaire

L’atelier Contrepoint a des origines célèbres puisqu’il prend la suite de l’Atelier 17  fondé  par Stanley William Hayter en 1927 qui en a fait un lieu d’expérimentation, de création et de liberté jusqu’à sa mort en 1988.  Les artistes les plus connus de l’entre deux et après guerre[1] l’ont fréquenté.

L’atelier ne disparut pas avec son maître. Il connaissait toujours à la fin des années 80 une activité intense. Les praticiens et amis d’Hayter : Hector Saunier, Juan Valladares et Shu Lin Chen ont dès lors voulu  perpétuer son existence.   

Il reste aujourd’hui un lieu de rencontres, apprentissage, expérimentation de la gravure : burin, eau forte et autres  techniques mixtes, en perpétuelle évolution.

La grande spécialité de l’atelier reste l’exploration et pratique de l’impression de la gravure en couleur. On peut dire que cet atelier a mis fin a l’empire  exclusif de l’encre noire.  En effet, Hayter, qui fut par ailleurs chimiste, a découvert un procédé inédit. Il utilise une unique plaque de cuivre qu’il ne passe qu’une seule fois, sous la presse. Elle porte toutes les couleurs simultanément.  L’exploit réside en la maîtrise de la viscosité différentielle des encres.

Ceux qui visiteront cette exposition qui réunit  trente deux graveurs pourront y voir l’infinie variété d’œuvres possibles, issues de cette technique qui crée sur le papier un « glacis », c’est-à-dire une superposition des couleurs sans mélange.  Ils verront combien une couleur devient profonde, donne une forte sensation d’espace, quand elle s’obtient par la diffraction de la lumière.

Libre, expérimental, international

Les principes chers à SW Hayter, toujours en vigueur, expliquent sans doute la vitalité de cet atelier bientôt centenaire.   Le lien fort qui se crée entre les artistes est de trouver et partager de meilleurs moyens pour mieux faire, mieux exprimer.  C’est sans doute aussi pourquoi il est célèbre dans le monde quoique très secret à Paris.

Il est vrai que Hayther et ses successeurs  n’ont jamais jugé les choix artistiques ou théoriques des artistes. Ceux-ci pouvaient être figuratifs ou abstraits, adeptes de tel ou tel courant, ou totalement singuliers.  Ils étaient accueillis comme on accueille un être unique.

L’atelier existe  hors des institutions,  il s’autofinance, est libre. Il ne concerne pas les étudiants mais des artistes confirmés ayant choisi de venir là pour progresser, expérimenter, s’approprier.  On y vient  sans autre calcul que le voyage intérieur et souvent géographique, avec le désir de quitter ses habitudes. Ceux qui le fréquentent sont des artistes de tous les âges et origines. Ils viennent  de tous les continents. L’expérience accomplie, Ils repartent ou restent aux abords, mais  continuent à correspondre entre eux. Parfois, comme pour cette exposition rue Montparnasse, des expositions s’organisent autour du monde. De même des ateliers se créent dans cet esprit.

Ce qui est fécond, se perpétue, se métamorphose, donne des fruits uniques.  La source de tout ceci est la liberté et le gout de l’autre que soi.

Le nom des graveurs ainsi que celui de leur pays d’origine donneront au vadrouilleur parisien l’envie de venir voir, de comprendre, comment s’élabore l’alchimie artistique et humaine de l’Atelier Contrepoint.   

L’exposition comprend des gravures d’artistes qui ont travaillé au cours des décennies précédentes. L’on commencera par Stanley William  Hayter ( Irlandais ), créateur de l’Atelier.  On verra les gravures de Juan Valladares (Pérou), Akira Abe ( Japon), Isolde Baumgart ( Allemagne), Gerard Drouot  ( Laos) , Maria Elena Duque ( Colombie ), Han Mook ( Corée du Sud) , Hideo Honda (Japon),  Yasuyuki Kihara (Japon ), Richard Lacroix ( Canada ), Sverre Bjorn Nielsen (Norvège), Roger Platiel (Allemagne), Akemi Noguchi (Japon), Gail Singer ( USA ), Eugenio Tellez (Chili), 

Mais la plus part des gravures viennent tout juste d’être imprimées par ceux qui fréquentent en ce moment l’atelier :

Hector Saunier (Argentin), Shu Lin Chen ( Taiwan), Maria Chillon ( Espagne), Mustapha Bimich ( Maroc ),  Pia Chang ( Corée du Sud ),  Sabine Delahaut (Belgique), Rong Guo (Chine), Hu Yu (Taiwan),  Michel Irigoyen, ( France ), Toki Ishida ( Japon ), Jeongeun Kim ( Corée du Sud), Kayoko Konomi ( Japon),  Gilles Laloum ( France ), Ryuichi Maeda ( Japon ), Alba Peramo ( Mexique), Takuma Sakamoto ( Japon), Jerôme Lebrun ( France).

Si l’on voulait donner un exemple d’esprit moderne dans l’enseignement de l’art,  on devrait pouvoir citer cet atelier bientôt centenaire où est pratiqué le partage de l’expérience, la reconnaissance de la diversité des talents, la recherche d’une force expressive.

Aude de Kerros, graveur essayiste

Pratique :

« STANLEY WILLIAM HAYTER AUJOURD’HUI »

Atelier Contrepoint

Du 7 au 18 Janvier 2023 14h00-19h00

Galerie du Montparnasse

55 rue du Montparnasse 75014

[1] Calder, Chagall, Dali ; Max Ernst, de Kooning, Matta, Matisse, Masson, Joan Miro, Robert  Motherwell, Picasso, Pollock, Riopelle, Rothko, Ono Shoïchi, Matsutani Takesada, Yves Tanguy,  Raoul Ubac, Viera da Silva, Alechinsky, Georges Ball, Franca Sibillia.

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