Le romancier Pierre Jourde et l’éditeur Éric Naulleau signent un livre jubilatoire, qui pastiche le « Lagarde et Michard ». Les deux auteurs écrivent dans un style plein d’ironie et de mauvaise foi qui convient à leur but : détrôner quelques rois des médias dénués de talent. Dommage qu’ils s’arrêtent à cette simple ambition.
Les deux compères font le choix judicieux de placer au même niveau Christine Angot, Florian Zeller ou Marc Levy, de renvoyer aux mêmes ordures ces non-écrivains qui blessent la langue française à chaque page. Ils citent beaucoup les textes, ce qui permet d’avoir un bon panorama des auteurs médiatiques contemporains. Malheureusement, le rire ne peut pas tout : le Jourde et Naulleau manque d’analyse et de vision, les auteurs ne définissant jamais l’idée qu’ils se font de la littérature. Mis à part les pages accablant Philippe Sollers, l’ouvrage est assez vain, car les deux critiques ne s’attaquent qu’à des ambulances, des auteurs méprisés par à peu près tous ceux qui ont un minimum de culture ou d’honnêteté intellectuelle. Les écrivains les plus néfastes ne sont pas les plus médiatiques, mais ceux, tels Jean-Marie Le Clézio et Jean Echenoz, que l’opinion prend pour de grands écrivains alors que leur prose pue le bâclage. C’est à eux qu’il aurait fallu s’attaquer en priorité.
Guillaume Etievant
Pierre Jourde et Eric Naulleau, Le Jourde et Naulleau, édition revue et augmentée, Mango, 2008, 13,50 €.
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