Dans Pogrom, Éric Bénier-Bürckel rendait à merveille le vertige d’une existence désordonnée. Sa langue était de l’ordre de la pulsion. Elle prenait vie dans un style vif et éclaté. Aujourd’hui, il a rendu les armes. Sa prose est en pleine décomposition.
Le messager raconte l’errance d’un personnage appelé « le mollusque », qui plante des livres et en mange ensuite les pages. Entre absurdité et quête du sens, Éric Bénier-Bürckel tente de tisser une trame romanesque. Mais il n’arrive à instaurer aucun climat, aucune atmosphère. Il semble paralysé par son récit, incapable de trouver une issue romanesque à sa volonté initiale.
Au détour de quelques pages, on se surprend à aimer certaines phrases, quelques réminiscences de ce que fut Pogrom : un roman célinien, rythmé, et ce que fut Éric Bénier-Bürckel : un romancier sans génie mais exigeant. Les quelques bons passages du messager accentuent l’amertume de voir Éric Bénier-Bürckel manquer trop souvent de discernement et de travail. Il souhaitait écrire une œuvre sur le silence, il signe en fait son livre le plus bavard.
Guillaume Etievant
Eric Bénier-Bürckel, Le messager, L’Esprit des péninsules, 2008, 218 pages, 19,90€
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