Salon de l’agriculture 2009

Le plus beau des salons a ouvert ses portes samedi 21 février. A l’heure où les Français attendent beaucoup de leur agriculteurs, les visiteurs pourront rencontrer les acteurs des différentes filières jusqu’au 1er mars. Un moment unique à ne pas manquer. Et l’occasion de prendre la mesure des dangers qui menacent un secteur indispensable.

L’agriculture française est moderne, mais la question des pesticides empoisonne la relation de confiance entre consommateurs et agriculteurs. L’air du temps est à la protection de l’environnement mais aussi à une production abondante et bon  marché. A l’instar du Grenelle de l’environnement, la FNSEA a fini par reconnaître la nécessité de baisser l’utilisation des pesticides mais aussi de plus en plus de paysans privilégient une agriculture et un élevage raisonné. Les filières bio, les réseaux AMAP sont autant de réponses à la problématique écologique.

Mais les enjeux sont de taille : prix, productivité, mais aussi  éducation de consommateurs appelés à une consommation responsable en préférant la qualité aux produits calibrés, sans goût et pleins de pesticides. Les attentes sont contradictoires, d’un côté on veut mieux manger, mais d’autre part, on continue à acheter des produits très artificiels dans la grande distribution et à ne pas respecter les saisons. Pour Bruno Dufayet, éleveur de Salers dans le Cantal, « il faut rééduquer les gens. Ce que j’aime, c’est la transmission, et c’est la raison pour laquelle je viens tous les ans au salon. La rééducation alimentaire est une mission égale à celle d’élever mes vaches. » Pour Martine Jardin, éleveuse de limousines, le discours est le même, la discussion avec les consommateurs est indispensable, d’où la création à la ferme de trois gîtes.

Le grand rendez-vous avec les éleveurs et leurs animaux se passe dans le fameux Hall 1 avec les vaches, les cochons, les chèvres, les moutons (120 races sont représentées !), les rings de concours,  et la présentation des secteurs de la viande et du lait. Une occasion unique de s’entretenir avec les agriculteurs venus de toute la France.
La diversité des productions végétales dans l’Odyssée Végétale, la présentation des métiers, les produits du terroir, et les élevages de chevaux, chiens…, envahissent plusieurs halls du Parc des Expositions. Les meilleurs produits passent sous le palais d’un jury composé de 4000 personnes.

Derrière la démonstration magistrale de notre agriculture, de sérieuses inquiétudes se dessinent

Mais derrière la passion de ces hommes et de ces femmes qui se dépensent sans compter pour nourrir leurs semblables, pêcheurs, agriculteurs, éleveurs, artisans, une même inquiétude se fait sentir. La baisse des subventions reçues par les indispensables Chambres d’Agriculture, la concurrence déloyale (sans garantie de qualité) d’une Europe mal organisée, des prix en hausse auprès du consommateurs et en baisse constante chez les producteurs.

Au chapitre de la schizophrénie du politique, prenons cette année deux exemples topiques. Alors que l’on a célébré le Grenelle de l’Environnement et que l’écologie apparaît comme une priorité, on insistera en particulier sur l’urbanisation sauvage de zones telles que la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur et la région centre.  L’agriculture francilienne est en grand péril alors que le potentiel de sa terre s’est toujours révélé prodigieux et que s’y trouve le premier bassin de consommation.
Qui se souvient que cette région était couverte de vignes autrefois ? Grand Paris, projet de F1 dans les Yvelines sur des champs prévus pour des producteurs bio, une installation pour douze départs de céréaliers, selon la chambre d’agriculture d’Ile-de-France, prouvent bien que l’agriculture ne représente pas la priorité des politiques.

Enfin, que dire de ces incessants coups de pieds de l’âne de pouvoirs publics irresponsables envers des secteurs économiques qui portent la France. Des études relayées par le Ministère de la Santé mettant en cause le vin ou la viande dans les risques de cancer se révèlent néfastes car elles restent sans nuances. En effet, le CIV (Comité Interprofessionnel de la Viande) avait dénoncé le communiqué du Ministère produit aux Etats-Unis sous des appellations, des modes de production et surtout de consommation qui ne concernent pas les Français. Pour preuve, un Américain consomme 50kg de viande par an contre 16 kg pour un Français. En outre, le risque de cancer concerne les personnes qui mangeraient 500 grammes de viande au minimum par jour quand la moyenne des Français est à… 35 grammes !
Quant à l’étude l’Institut National du Cancer faisant le lien entre alcool et cancer, elle noie la question en entretenant la confusion entre le vin et l’alcool. En outre, elle se révèle plus militante que scientifique dans la mesure où elle tait les effets bénéfiques du vin sur certaines pathologies, les problèmes cardio-vasculaires et le vieillissement. D’une manière générale, la sobriété et la nuance sont les meilleures réponses aux effets néfastes du vin – on lira avec profit l’ouvrage Alcool, vin et santé *de Michel de Lorgeril du CNRS.

Enfin, les solutions avancées par les pouvoirs publics comme la remise en cause des quotas. Pour Marie-Jeanne (Eure) et Annie (Morbihan), éleveuses de vaches laitières, les quotas déplaisaient aux anciens, mais la nouvelle génération a conscience que « la suppression des quotas risqueraient de laisser tomber toute barrière et de provoquer l’anarchie. »

Les réponses, quelques consommateurs responsables en bonne intelligence avec les producteurs les ont trouvées : le panier du paysan sur internet, les produits achetés sur place ou sur le net à la ferme, les marchés, les artisans, primeurs, bouchers, etc. s’achalandant avec la production régionale, et les réseaux Amap.
L’esprit de filière permet aussi de parer aux difficultés du marché. En assurant eux-mêmes la vente à une grande surface, un groupe de 12 éleveurs des Landes a permis une augmentation des volumes de 20% depuis 2003.
Enfin, au sein de la Confédération Paysanne, on réfléchit à la souveraineté alimentaire, au protectionnisme, bref à des solutions envisagées par les vrais experts : les acteurs du monde agricole.

Mais c’est en courant à la porte de Versailles que vous trouverez les explications à toutes les questions qui vous turlupinent.

* Editions Alpen, 9€50.

Le saviez-vous ?

La France est le second exportateur mondial de produits agricoles et alimentaires après les Etats-Unis et le Brésil.
1er producteur européen de produits agricoles et agroalimentaires
1er exportateur mondial de produits agroalimentaires transformés
3ème puissance agricole mondiale

La France agricole en chiffres :
* 1 140 000 actifs agricoles
* 567 200 exploitations agricoles
* 13 000 entreprises agroalimentaires

Pratique :

*  Dates : du samedi 21 février au dimanche 1er mars 2009
* Lieu : Paris – Porte de Versailles – France
* Horaires : 9h – 19h
* Nuit de l’Agriculture : vendredi 27 février 2009 jusqu’à 23h
www.salon-agriculture.com

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.