Un phalanstère pour des artistes

« Les abeilles offrent à l’homme le plus bel exemple d’union qui soit dans le travail, dans l’effort. Et voilà pourquoi nous avons fait la Ruche », expliquait Alfred Boucher, sculpteur académique, un peu pompier mais l’un des plus reconnus et doués de son époque.

L’artiste qui s’était beaucoup enrichi n’avait jamais oublié ses débuts miséreux et, en 1902, au sommet de sa gloire, il inaugura la Ruche, laquelle dut son nom à la forme circulaire du bâtiment central dont l’armature en fer fut réalisée par Eiffel pour l’Exposition Universelle, autour de laquelle gravitent de petits ateliers, comme des alvéoles. Jusqu’à la mort de Boucher en 1934, ce phalanstère, où il arriva que cohabitent trois cents artistes parfois avec leurs familles dans des ateliers au confort très sommaire, accueillit l’avant-garde européenne, faisant de cette cité des artistes dans la commune de Vaugirard, le pendant Rive Gauche du Bateau-Lavoir situé sur la Rive Droite de la Seine et que fréquentaient entre autres Max Jacob, Picasso, Apollinaire.

Le Palais Lumière d’Evian expose les œuvres de la Ruche

Restée une propriété privée, la Ruche, réhabilitée dans les années 1960, abrite toujours des ateliers d’artistes et c’est au Palais Lumière d’Evian, dont le bâtiment fut également réalisé en 1902 par les ateliers Eiffel, que sont exposées des œuvres d’artistes ayant travaillé à la Ruche. La première partie de l’exposition rend hommage à Boucher, sculpteur académique mais doté d’un vrai talent, auquel nous devons, outre la création de la Ruche, d’avoir fait réhabiliter Rodin et Camille Claudel. L’artiste qui procurait un toit à de jeunes artistes français et européens sans le sou, bien souvent sans contrepartie, leur fournissait aussi les matériaux pour leurs sculptures et des modèles qu’il faisait venir à son atelier.

Assumant la subjectivité des œuvres exposées au Palais Lumière d’Evian, Sylvie Buisson et Martine Fresia ont cherché à donner un aperçu aussi large que possible de toiles et sculptures d’artistes qui fréquentèrent la Ruche : d’Archipenko, Chagall, Léger, Modigliani, Soutine aux artistes d’aujourd’hui tels Ernest Pignon-Ernest, Lucio Fanti ou encore Daniel Lebée qui ont introduit de nouveaux matériaux, la photographie et la vidéo dans leur création artistique.

Une belle exposition qui nous fait traverser tout le XXe siècle pictural dans son hétérogénéité et ses courants les plus divers à travers une centaine d’artistes qui ont en commun d’avoir travaillé dans un même lieu et voué leur vie à l’art.

Pratique :

La Ruche, Cité des artistes, 1902-2008, du 7 février au 10 mai 2009

Palais Lumière d’Evian, quai Albert Besson 74500 Evian

Renseignements : 04 50 83 15 90 / 10 00 – courrier@ville-evian.fr

Horaires : tous les jours de 10h30 à 19h (lundi : 14h-19h)

Tarifs : 10 euros ; TR : 7 euros

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