« Tout est brutal / Botté en touche / Tout à l’horizontal / Nos envies, nos amours, nos héros / Je t’ai manqué ». Il nous a manqué pendant des années, jusqu’à ce retour inattendu, fulgurant, un bol d’air frais dans le paysage musical français arrivé en 2008 sur l’album « Pétrole Bleu ». Un an plus tard on pleure son départ. Retour sur sa carrière sous forme de doléance.
Ses influences étaient rock, à l’image de ses idoles, Buddy Holly, Elvis ou Gene Vincent. Comme eux, dès ses débuts, il taille la route en musique avec une bande de potes, les Dunces. Difficile de s’imposer en France dans les années 70 avec une étiquette rock. Alors il cavale, change de pseudonyme et de groupe d’attache. En 1973, Dick Rivers lui donne sa chance en acceptant une de ces chansons, le très rock’n’roll Marilou. Sept ans ont suffi à Marilou avant qu’elle s’émancipe et devienne « Gaby, oh Gaby » ces cris désabusés que la France découvre et achète à 1 millions d’exemplaires. Son « rock », raconte un vécu, au coin d’une station service ou dans un motel miteux. Serge Gainsbourg lui avait sûrement mis la puce à l’oreille, en disant « il faut chanter le béton, les tracteurs, le téléphone, l’ascenseur… ». Il collabore même avec le maître sur un album tombé dans l’oubli. « Faire un disque avec lui était un vieux rêve. J’étais fan de lui depuis longtemps ». Evidement son rock parle aussi de filles d’un soir et d’eau trouble. La suite est plus connue, « Osez Joséphine » en 1991 puis les magistraux albums « Chatterton » en 1994 et « Fantaisie Militaire » en 1998, sans oublier ses engagements associatifs avec entre autre SOS Racisme ou la lutte contre le SIDA.
Un artiste au grand cœur comme on l’entend depuis bientôt un an lorsque la France découvre qu’il a un cancer des poumons. D’un coup son dernier album « Pétrole Bleu » devient plus… fascinant. Un mélodrame collectif s’organise. Le voyageur solitaire devient acteur de ce succès malgré lui. Vous avez sûrement vu l’avant dernier acte de ce film aux 24e Victoires de la Musique. Dernier acte, samedi 14 mars 2009 : il meurt des suites de sa maladie.
Il avait cette gueule d’ange et cette aura de poète maudit, solitaire. Avec son éternelle dégaine de rocker, il chantait de la chanson française comme peu le font. Lui, Alain Bashung qui nous manque déjà.
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