« Si l’on demande beaucoup au public, pourquoi douter qu’il ne soit prêt à donner beaucoup ? ». À n’en pas douter, le directeur du théâtre de l’Odéon, a fait sienne cette formule de Claudel.
Du 7 au 29 mars 2009, il remet en scène Le soulier de satin dans sa version intégrale, qu’il avait créé en 2003. Au rythme de quatre représentations par semaine, nous sommes conviés à vivre l’œuvre majeure de Paul Claudel, onze heures durant.
Une prouesse pour Prouhèze ? Certes, le défi est à la taille du génie d’Olivier Py et le résultat est étonnant. Sur fond de douleur, que la longueur de la pièce et l’essoufflement, parfois, des acteurs nous font encore mieux ressentir, la mise en scène nous plonge dans l’Espagne des devoirs que nous avons oubliés et d’une religion perdue. Solennelle et tragique, cette pièce passe tout à coup des larmes au rire, lorsque la sorcière Jobarbara ou le Chinois entrecoupent le drame d’intermèdes exotiques et admirablement menés.
Des faiblesses, certes, dans cette gigantesque pièce, notamment dans les jeux de Dona Musique et Don Rodrigue. Mais de grandes réussites : un roi d’Espagne et un Don Camille à couper le souffle ; une Prouhèze qui n’en finit pas de percevoir le mystère de la souffrance et jusqu’où peut aller l’amour pour l’autre ; une musique, des chants et un décor surprenants mais forts à propos pour rattraper l’attention du public que les longs monologues auraient pu lasser.
Bref, un grand moment à vivre dans lequel Claudel fait partager la souffrance de ses personnages aux acteurs et au public.
Hortense de Villers
Pratique :
Le Soulier de satin de Paul Claudel, mis en scène par Olivier Py, du 7 au 29 mars au théâtre de l’Odéon à Paris.
Renseignements : 01 40 85 40 40 / www.theatre-odeon.fr
Photos : Alain Fonteray.
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