Pour sa 12ème saison, Autour du Piano rendait hommage aux lauréats et premiers prix du concours Long-Thibaud 1949. Après Ventsislav Yankoff à la salle Cortot en décembre, Aldo Ciccolini jouait en récital le 31 mars au Théâtre des Champs-Elysées. Un plaisir à prolonger lors des festivals de l’été.
À plus de 80 ans, Aldo Ciccolini est encore un magicien, on ne sait ce qui émerveille le plus : est-ce la dextérité de ses doigts, la délicatesse de son jeu ou bien encore l’incroyable intelligence musicale qui le caractérise.
La première partie du récital est consacrée à deux sonates de Mozart. Il joue ces pièces avec une limpidité et une clarté remarquables. Pour une fois, le finale de la sonate “Alla Turca” prend tout son sens car il adopte un tempo très rapide qu’il maîtrise à la perfection. La sonate en si bémol majeur K.333, d’un plus grand intérêt musical, est exécutée avec beaucoup de retenue, surtout dans le premier mouvement. Aldo Ciccolini distille les notes une à une et prend son temps pour laisser la musique se développer.
Aldo Ciccolini est un virtuose, un interprète, un conteur et surtout un grand musicien
Pour la seconde partie, le pianiste a choisi le Livre I des Préludes de Debussy. Il raconte une histoire, des événements, des sentiments avec une habileté confondante. Dans “Voiles”, il met l’accent sur la lumière qui émane de quelques notes et sur l’étrangeté de l’atmosphère grâce à une subtile utilisation de la pédale. Dans “Des pas sur la neige”, Aldo Ciccolini se montre particulièrement émouvant, avec des notes à peu suggérées et empruntes d’une grande mélancolie. Le pianiste n’est pas un adepte des effets spectaculaires, c’est pourquoi son interprétation de “Ce qu’a vu le vent d’Ouest” est si impressionnante: c’est l’un des rares moments où il s’autorise à jouer fort et avec puissance. Aldo Ciccolini est un virtuose, un interprète, un conteur et surtout un grand musicien.
Egalement lauréat du même concours en 1949, le viennois Paul Badura-Skoda présentait un programme entièrement consacré à Franz Schubert au Musée Jacquemart-André. L’inspiration pianistique de Paul Badura-Skoda est synonyme d’élégance, musicalité et intelligence. Le spécialiste du piano-forte n’a rien perdu de son toucher si particulier, de sa subtilité et de son raffinement. Il ouvre le concert avec trois moments musicaux, donnant au n°4 des couleurs étranges, ambigües presque angoissant. Dans le n°5, il souligne la violence de la partition avec des forte pleins de puissance et une parfaite maîtrise du crescendo sur la montée au début de la pièce.
Enfin, cédant à un public qui en redemande, Paul Badura-Skoda joue plusieurs valses de Schubert dont une inédite qu’il interprète pour la première fois. Il termine son concert avec la valse “Les Adieux” à laquelle il apporte une touche pleine d’humour, dont il a le secret. Un grand monsieur, un grand pianiste qui fait partager son bonheur de jouer Schubert avec son public !
Jeannine Hauchard
Programme de l’été :
Aldo Ciccolini jouera à l’Opéra de Vichy le 27 août 2009. Il sera également présent au festival Radio-France de Montpellier pour un récital le 26 juillet 2009 (Mozart, Satie, Chabrier) et pour des Master-Class du 28 au 31 juillet.
www.aldociccolini.com
Paul Badura-Skoda donnera un concert (Haydn, Beethoven) au Manège dans le cadre des Flâneries Musicales de Reims, le 28 juin à 18h.
www.badura-skoda.com
Poster un Commentaire