Les stigmates existent-ils encore ? 1/2

/><b><span/CultureMag vous propose un dossier en 2 parties sur les stigmates au XXIème siècle. Comme jadis saint François d’Assise, mort en 1226, et plus de 250 saints et « bienheureux » au cours des siècles, il existe aujourd’hui des stigmatisés, porteurs des blessures de la Passion que la hiérarchie ecclésiastique ne reconnaît d’ailleurs jamais comme une marque de sainteté. Premier volet, à suivre la semaine prochaine.

On désigne par le mot « stigmates » les plaies portées par le Christ lors de sa Passion (de l’arrestation au Jardin des Oliviers jusqu’à sa mise au tombeau).
Elles sont localisées à la tête par la couronne d’épines, au dos par la flagellation, à l’épaule par le portement de la croix, aux mains et aux pieds par les clous et au flanc par le coup de lance du soldat romain.

Dans les croyances chrétiennes, la Résurrection du Christ ne supprime pas ses plaies inscrites dans sa chair. Elle les intègre en les transfigurant. Jésus de Nazareth entre dans la gloire divine avec son humanité.
Ainsi, l’apôtre Thomas (dit l’Incrédule) déclare : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n’enfonce pas mon doigt à la place des clous et si je n’enfonce pas ma main dans son côté, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, Jésus apparaît à ses disciples et dit à Thomas, en des mots unissant ostensiblement corps et spirituel, matière et divinité : « Avance ton doigt ici et regarde mes mains ; avance ta main et enfonce-la dans mon côté, cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi. »

La stigmatisation est donc loin d’être une « invention » contemporaine. Elle trouve son origine historique (biblique) dans la crucifixion de Jésus Christ. C’est la raison pour laquelle, bien loin de tendances masochistes, les vrais stigmatisés affirment participer et communiquer aux souffrances du Christ sur un mode extraordinaire.

Des interrogations légitimes hantent les esprits : pourquoi François d’Assise aurait-il été le premier stigmatisé ? Pourquoi fallut-il attendre le XIIIe siècle pour que ce phénomène apparaisse ? Et pourquoi celui-ci n’est-il connu à ce jour qu’exclusivement parmi les catholiques ?

Le silence des sources écrites avant ce saint ne constitue pas une preuve de l’inexistence absolue de stigmatisés.

D’une part, nous sommes certains que le « Poverello » d’Assise a reçu les blessures de la Passion, comme l’affirment ses meilleurs biographes dont Thomas de Celano (Vie du saint et son Traité des miracles). Les documents de son procès de canonisation en font mention, bien que François n’ait pas été inscrit au catalogue des saints pour ses stigmates. Saint Bonaventure écrit : « Ce n’était pas le martyr de son corps, mais l’amour incendiant de son âme qui devait le transformer à la ressemblance du Christ. » (Legenda major, 13, 3).

D’autre part, le silence des sources écrites avant ce saint ne constitue pas une preuve de l’inexistence absolue de stigmatisés : on peut imaginer qu’une solide discrétion ait entourée ce phénomène. Dans l’état actuel de nos connaissances, il reste sage de ne rien affirmer sur ce point.
Certains se demandent si l’apparition des stigmates sur la scène mystique ne résulterait pas d’une nouvelle orientation spirituelle des Ordres Mendiants (Dominicains, Franciscains…) : le fruit d’une dévotion à l’humanité et aux états de vie du Christ (enfance, ministère public, arrestation, mort).
Il est bon de relativiser sur ce point. Certes, jusqu’à la fin du XIIe siècle, le catholicisme met l’accent sur la « messianité » de Jésus : le Christ Pantocrator sculpté sur les tympans des cathédrales. Ce sont les moines cisterciens puis les fils de saint François qui accordent toute la place à l’humanité du Christ (invention de la crèche de Noël par exemple, etc.).

Ce qui demeure certain, c’est que nous ignorons si d’autres stigmatisés ont existé avant François dont la période marque un renouveau du catholicisme. À partir du XIVe siècle, les marques corporelles de la mystique deviennent plus fréquentes, presque partout en Europe, dans les couvents féminins notamment.

A suivre…

La semaine prochaine : On estime à plus de 250 le nombre de stigmatisés depuis les origines du christianisme.

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