par Albert Salon , docteur d’Etat ès lettres, ancien Ambassadeur.
Il faut retrouver d’abord la cohérence de sa politique en matière de langue française et de Francophonie, car il s’agit de l’identité, du cœur de la Nation.
Or, l’urgence est aujourd’hui d’arrêter ce qui apparaît de plus en plus clairement comme une véritable offensive menée par des forces puissantes et convergentes, extérieures, certes, mais aussi et d’abord intérieures, venant de nos propres élites, qui semblent avoir décidé, en soutien aux forces extérieures qui veulent « punir la France » et la détruire, en haut par Bruxelles et la vassalisation à l’empire, en bas par les régionalismes et communautarismes de toutes sortes.
La nouveauté depuis peu de temps, tient au fait que des responsables publics eux-mêmes prennent part à l’offensive. Nous y bornerons notre propos d’aujourd’hui.
L’urgence apparaît, aveuglante, lorsqu’on compare les remarquables discours très « français » du Président de la République (9 mars 2007 et 20 mars 2008) et les actions concrètes menées par des ministres de son propre gouvernement :
– la ratification (encouragée, voire pressée par les ministres des Affaires étrangères et des Finances pour faire plaisir à la fois au MEDEF et à la chancelière allemande) du Protocole de Londres, des brevets européens ;
– la bilinguisation français-anglais (sans plus de mention d’autres langues) par M. Darcos de nos chères têtes blondes…et brunes ;
– les déclarations de M. Jouyet et de M. Kouchner (titre d’un chapitre de son livre : « L’anglais, avenir de la Francophonie » !) ;
– le choix des Affaires étrangères de laisser diminuer les moyens de notre politique culturelle extérieure et des réseaux encore superbes d’écoles, lycées, centres culturels, instituts de recherche, alliances françaises, que nous entretenons à l’étranger ;
– l’absence de réaction du Gouvernement, malgré nos indignations publiées, à la désignation en mai 2008 par France-Télvision, entérinée par la rue de Valois, d’une chanson en anglais de M. S. Tellier pour représenter la France au concours de l ’Eurovision (avec ce beau résultat : France 19ème …sur 25 !) ;
– le refus gouvernemental de renvoyer systématiquement à Bruxelles les documents de travail UE qui sont envoyés en anglais seulement à nos administrations centrales, malgré toutes les démarches de nos associations depuis plus de cinq ans ;
– la carence du Gouvernement dans le soutien financier à l’OIF et à la Francophonie organisée ;
– l’abandon de fait de la solidarité privilégiée vitale avec le Québec lors du Sommet francophone d’octobre à Québec, au profit d’un alignement transparent sur les thèses fédéralistes d’Ottawa, qui étrangle, ouvertement, le fait français là-bas ;
– et l’acharnement de Mme Valérie Pécresse à imposer l’anglais, et l’enseignement partiellement en anglais, voire peut-être totalement à terme peu éloigné au-dessus du niveau de la licence, dans les grandes écoles et universités, et sa plainte osée dans une émission (LCP-Sénat !) du 12 octobre 2008, d’être gênée par ce qu’elle traite (étonnant de la part d’un ministre de la République !), de « lobby de la langue française », comme si défendre ce qui fait le cœur de la Nation ne pouvait être que le fait d’un misérable « lobby ».
Oui ! Il faut retrouver la France que tant d’élites veulent réduire et soumettre à l’empire et au « marché » !
L’honneur d’une nation, comme d’un particulier, est d’être une personne bien identifiée (« quelqu’un ») et de s’y tenir. S’immerger dans un magma indistinct mène à l’oppression. Il faut s’ouvrir sans se diluer. Répondre à l’immensité du défi par l’envergure de la Résistance.
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