Les Fastes de Jean-Paul Marcheschi

/><b><span/Jean-Paul Marcheschi a fait son jardin au musée départemental de Préhistoire d’Ile-de-France. Cet artiste originaire du Cap Corse sculpte et peint depuis une vingtaine d’années avec pour seuls pinceaux des torches qui font de lui un artiste du noir, jouant avec la suie, la cire, n’admettant dans ses œuvres qu’une seule couleur : le rouge.

Pour cette exposition, il s’est inspiré du lieu, le musée départemental de Préhistoire d’Ile-de-France et ses jardins, ainsi que des œuvres qui y sont conservées et d’un poème d’Ovide, Les Fastes, « fasti » en Latin qui signifie saisons, fêtes. « C’est un poème magnifique du début de notre ère qui représente une source importante pour les mythologues et les historiens puisqu’il récapitule toute la liturgie romaine. C’est aussi un calendrier des saisons et chaque chapitre correspond à un mois. Le poème s’arrête à celui de juin, ce qui est, d’une certaine façon, une coïncidence heureuse puisque l’exposition a débuté à ce moment-là, explique l’artiste. »

Jouant ainsi sur la mythologie romaine et les vestiges préhistoriques, il a pu créer des œuvres in situ, comme ces corbeaux noirs qui parsèment le parc, qui sont des freux en réalité, des oiseaux qui ont colonisé Londres et Paris et se réfèrent également au Corbeau, la célèbre nouvelle de Edgar A. Poe, traduite par Mallarmé et illustrée par Manet.

L’ombre de Dante

Mais Jean-Paul Marcheschi, artiste entier, aussi poète que peintre, que sculpteur, est hanté comme le furent Delacroix ou Rodin, par La Divine Comédie de Dante, par le voyage des âmes, la damnation, la rédemption. Le Nocher et son ombre a ainsi été conçu en relation avec la barque monoxyle du IXe siècle après J-C, conservée au musée départemental de Préhistoire d’Ile-de-France, tandis que Les Âmes Mortes a trouvé naissance par le truchement d’une pirogue mésolithique, datée d’environ 9000 ans avant notre ère.

Travaillant dans un musée préhistorique, Jean-Paul Marcheschi n’a pu passer non plus à côté de cette évidence : le crâne humain comme symbole éternel de la vanité de la vie – lui qui depuis des années cherche à pénétrer le mystère des corps qui s’effacent et de ceux qui surgissent de la mort pour prendre chair.

« Tout vient du livre et (…) tout peut y revenir. Au fond, le livre organise le temps, l’espace et la peinture. »

Avec Jean-Paul Marcheschi il y a les livres aussi, surtout. Ces livres rouges dans lesquels il peint, annote, écrit, dessine depuis plus de trente ans, ces livres comme l’image peut-être la plus exacte de la création artistique, comme des palimpsestes mêlant écriture et peinture, inextricablement, sans que l’on puisse déterminer lequel précède l’autre, lequel procède de l’autre. Aussi, pour illuminer encore davantage ce travail autour du verbe, du vers, le poète oulipien Jacques Roubaud a composé un recueil de poèmes, Les Fastes du Daïmon, structurés en tridents et pharoïnes, des règles poétiques définies par Roubaud lui-même. L’intégralité de ces poèmes est à retrouver dans le catalogue de l’exposition.

Pratique :

Les Fastes de Jean-Paul Marcheschi au musée départemental de Préhistoire d’Île-de-France jusqu’au 14 février 2010
48 avenue Étienne Dailly 77140 Nemours
Tél.: 01 64 78 54 80/Fax : 01 64 78 54 89
www.prehistoire@cg77.fr
Ouvert tous les jours sauf le mercredi, de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30
Les Fastes, catalogue de l’exposition, Montreuil, Liénart éditions, 2009

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